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Comment mieux évaluer avec la pratique délibérée ?

Découvrez dans cet article comment appliquer les principes scientifiques de l’apprentissage à l’évaluation Toastmasters, une compétence essentielle pour développer votre art oratoire

Dans un article précédent, nous avons vu comment s’améliorer en improvisations grâce à la pratique délibérée. Cette dernière est une méthode scientifique pour acquérir et améliorer n’importe quelle compétence.

Aujourd’hui, nous allons montrer comment vous pourriez appliquer ces principes à l’évaluation Toastmasters. L’évaluation constitue la clé de voûte de la méthode Toastmasters. Car elle permet d’aider les orateurs à s’améliorer et à gagner en confiance.

Qu’est-ce que la pratique délibérée ?

Pour rappel, la pratique délibérée se distingue de la simple pratique par plusieurs caractéristiques :

  • Elle se fixe un objectif spécifique et mesurable, qui correspond au niveau de performance souhaité.
  • Elle implique de se confronter à des défis qui dépassent nos capacités actuelles.
  • Elle a besoin d’un retour immédiat et constructif, pour identifier nos erreurs et nos points à améliorer.
  • Elle se focalise sur le processus plutôt que sur le résultat. Elle cherche à comprendre les principes sous-jacents à la compétence visée.
  • Elle repose sur la répétition et la révision régulières, pour consolider les acquis et renforcer la mémoire.
  • Elle s’inspire des meilleurs, en se comparant aux experts du domaine et en s’appropriant leurs méthodes et leurs stratégies.
Comment appliquer la pratique délibérée a l’évaluation Toastmasters ?

De fait, l’évaluation de discours est l’exercice d’apprentissage le plus important dans la méthode Toastmasters. Elle permet de développer plusieurs compétences, en particulier l’écoute, l’attention, la formalisation d’un point de vue et l’expression de celui-ci devant un auditoire dans un temps limité (moins de 3 minutes et demie).

Voici comment vous pourriez utiliser les principes précédents de la pratique délibérée pour vous préparer et réussir vos évaluations :

avoir un objectif et se lancer un defi
  • Avoir un objectif spécifique et mesurable : avant de vous entraîner aux évaluations, définissez clairement ce que vous souhaitez améliorer. Par exemple, vous pouvez vouloir augmenter la durée de votre prise de parole, réduire votre stress, mieux structurer votre discours ou parler sans notes. Choisissez un objectif qui soit adapté à votre niveau actuel et qui soit quantifiable. Par exemple, vous pouvez mesurer la durée de votre évaluation, la fidélité de votre présentation orale par rapport à vos notes ou le nombre d’idées que vous développez.
  • Sortir de sa zone de confort : progresser, en évaluation comme ailleurs, nécessite de se mettre en difficulté. Et de trouver un terrain d’entraînement en solo, sans risque. Pour cela, la première étape est de se constituer une bibliothèque de discours cibles sur lesquels portera votre évaluation. D’ailleurs, les discours TEDx, comme celui-ci, sont une mine de discours sur des sujets très variés.
recevoir des retours et comprendre le fonctionnement
  • Obtenir un retour immédiat et constructif : un retour sur votre performance permet de savoir si vous avez atteint ou non votre objectif. Dans les clubs Toastmasters, l’évaluateur général de la séance est là pour donner un retour aux évaluateurs. Quand vous vous entraînez en solo, le mieux est de vous filmer ou de vous enregistrer, pour pouvoir analyser ensuite votre évaluation, votre voix, votre langage corporel… Vous pouvez aussi demander l’avis d’un mentor ou d’un pair expérimenté, qui saura vous donner des conseils personnalisés et des pistes d’amélioration.
  • Se concentrer sur le processus plutôt que sur le résultat : comprendre comment fonctionne une évaluation, quels sont les éléments qui la composent et comment les articuler en facilite la maîtrise. La pratique délibérée développe la conscience de ses forces et de ses faiblesses, de ses stratégies et de ses réflexes. Se concentrer sur la bienveillance qu’on témoigne dans une évaluation, sa capacité à argumenter, à donner des pistes utiles permet d’apprendre de ses erreurs et de ses succès, en identifiant ce qui a marché ou pas, et comment s’améliorer.
répéter et apprendre des meilleurs
  • Répéter régulièrement : pour ancrer les habitudes de l’évaluation, il faut les pratiquer fréquemment, au moins une fois par semaine, voire plus si possible.
  • Chercher à se comparer aux meilleurs évaluateurs : observez comment ils argumentent, comment ils structurent leur discours, comment ils utilisent leur voix, leur regard, leur geste… Essayez de comprendre ce qui fait leur force, leur originalité, leur impact. Vous pouvez pour cela assister à des concours interclubs où les meilleurs se comparent en évaluant le même discours.
pour aller plus loin

Les évaluations Toastmasters sont un excellent moyen de développer votre art oratoire. Mais pour en tirer le meilleur parti, il faut les pratiquer avec méthode et rigueur. La pratique délibérée est une approche scientifique qui vous permettra d’atteindre un niveau d’excellence dans cette compétence. En appliquant les principes de la pratique délibérée, vous verrez votre aisance verbale, votre confiance en vous et votre impact sur votre auditoire augmenter considérablement.

Vous voulez rencontrer des évaluateurs expérimentés et participer à une séance d’évaluation lors d’une prochaine réunion ? C’est par ici.

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La pratique délibérée pour s’améliorer en improvisations

Vous voulez devenir un orateur hors pair ? Entraînez-vous en suivant les conseils d’un psy qui transforme n’importe qui en champion des échecs ou de Toastmasters

Vous avez envie de devenir un meilleur orateur, de captiver votre auditoire, de convaincre avec vos arguments ? Vous savez que pour y arriver, il faut s’entraîner, mais vous ne savez pas comment vous y prendre ? Aujourd’hui, je vais vous parler de la pratique délibérée, une méthode scientifique pour acquérir et améliorer n’importe quelle compétence. Je vais aussi vous montrer comment vous pourrez appliquer ces principes aux improvisations Toastmasters. Ces exercices de prise de parole mettent à l’épreuve votre réactivité, votre créativité et votre éloquence.

Qu’est-ce que la pratique délibérée ?

La pratique délibérée est un concept développé par le psychologue Anders Ericsson. Il est considéré comme le père de la science de l’expertise. Selon lui, la pratique délibérée permet d’atteindre l’excellence, que ce soit en musique, dans les échecs, ou l’art oratoire.

La pratique délibérée se distingue de la simple pratique par plusieurs caractéristiques :

  • Elle se fixe un objectif spécifique et mesurable, qui correspond au niveau de performance souhaité.
  • Elle implique de se confronter à des défis qui dépassent ses capacités actuelles.
  • Elle a besoin d’un retour immédiat et constructif, pour identifier ses erreurs et ses points à améliorer.
  • Elle se focalise sur le processus plutôt que sur le résultat. Elle cherche à comprendre les principes sous-jacents à la compétence visée.
  • Elle repose sur la répétition et la révision régulières, pour consolider les acquis et renforcer la mémoire.
  • Elle s’inspire des meilleurs, en se comparant aux experts du domaine et en s’appropriant leurs méthodes et leurs stratégies.
Comment appliquer la pratique délibérée aux improvisations Toastmasters ?

Les improvisations Toastmasters consistent à répondre à une question inopinée en moins de deux minutes et demie. Les clubs Toastmasters les utilisent pour développer les compétences de communication de leurs membres. Elles sont un excellent terrain d’application pour la pratique délibérée. En effet, elles sollicitent plusieurs domaines de l’art oratoire : la structure, le langage, la voix, le geste…

avoir un objectif et se lancer un defi

Voici comment vous pourriez utiliser les principes précédents de la pratique délibérée pour vous préparer et réussir vos improvisations :

  • Avoir un objectif spécifique et mesurable : avant de vous entraîner aux improvisations, définissez clairement ce que vous souhaitez améliorer. Par exemple, vous pouvez vouloir augmenter la durée de votre prise de parole, réduire votre stress, mieux structurer votre discours ou utiliser un vocabulaire plus riche. Choisissez un objectif qui soit adapté à votre niveau actuel et qui soit quantifiable. Par exemple, vous pouvez mesurer la durée de votre improvisation, le nombre d’hésitations que vous faites ou le nombre d’idées que vous développez.
  • Sortir de sa zone de confort : pour progresser aux improvisations, il faut accepter de se mettre en difficulté. Ne choisissez pas des sujets trop faciles ou trop familiers. Au contraire, exposez-vous à des sujets variés et aléatoires, qui vous obligent à mobiliser vos connaissances générales, votre culture personnelle, votre imagination… Vous pouvez utiliser des applications ou des sites web qui génèrent des sujets de “Table Topics Toastmasters”, ou demander à un ami ou à un membre du club de vous en proposer. Vous trouverez ici une liste de sujets avec tirage aléatoire.
recevoir des retours et comprendre le fonctionnement
  • Obtenir un retour immédiat et constructif : pour savoir si vous avez réussi ou non une improvisation, il faut avoir un retour sur votre performance. Dans les clubs Toastmasters, un évaluateur donne un retour aux participants à la séance d’improvisations. Quand vous vous entraîner en solo, le mieux est de vous filmer ou de vous enregistrer, pour pouvoir analyser ensuite votre discours, votre voix, votre langage corporel… Vous pouvez aussi demander l’avis d’un mentor ou d’un pair expérimenté, qui saura vous donner des conseils personnalisés et des pistes d’amélioration.
  • Se concentrer sur le processus plutôt que sur le résultat : pour maîtriser les improvisations, il faut comprendre comment elles fonctionnent, quels sont les éléments qui les composent et comment les articuler. Il faut aussi être conscient de ses forces et de ses faiblesses, de ses stratégies et de ses réflexes. Au lieu de se focaliser sur le fait de donner une bonne ou une mauvaise réponse, il faut se concentrer sur le fait de développer sa capacité à argumenter, à convaincre ou à faire rire. Il faut aussi apprendre de ses erreurs et de ses succès, en identifiant ce qui a marché ou pas, et comment s’améliorer.
répéter et apprendre des meilleurs
  • Répéter régulièrement : pour ancrer les improvisations dans sa mémoire et dans son répertoire, il faut les pratiquer fréquemment, au moins une fois par semaine, voire tous les jours si possible. Il faut aussi réviser les sujets que l’on a déjà traités, pour renforcer les connaissances acquises et éviter l’oubli. Vous pouvez par exemple relire vos notes, réécouter vos enregistrements ou refaire les mêmes sujets avec des variantes.
  • Chercher à se comparer aux meilleurs improvisateurs: observez comment ils répondent aux sujets, comment ils structurent leur discours, comment ils utilisent leur voix, leur regard, leur geste… Essayez de comprendre ce qui fait leur force, leur originalité, leur impact. Vous pouvez regarder des vidéos de “Table Topics Toastmasters” sur YouTube, ou assister à des concours interclubs.
pour aller plus loin

Les improvisations Toastmasters sont un excellent moyen de développer votre art oratoire. Mais pour en tirer le meilleur parti, il faut les pratiquer avec méthode et rigueur. La pratique délibérée est une approche scientifique qui vous permettra d’atteindre un niveau d’excellence dans cette compétence. En appliquant les principes de la pratique délibérée, vous verrez votre aisance verbale, votre confiance en vous et votre impact sur votre auditoire augmenter considérablement.

Vous voulez rencontrer des improvisateurs expérimentés et participer à une séance d’improvisations lors d’une prochaine réunion ? C’est par ici.

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Evaluer sans blesser

Parler à la 1ère personne – avec un « message Je » – est une façon de critiquer sans démotiver

L’évaluation est la clé de voûte de la méthode Toastmasters. Mais, pour être efficace, elle doit apporter une critique constructive à l’orateur. Sans toutefois le blesser car il pourrait alors perdre sa motivation. Ainsi, un des moyens d’y arriver est le message Je.

Qu’est-ce que le message Je ?

“Tu as toujours le défaut de te dandiner quand tu prononces un discours”. Même si ce jugement part d’une bonne intention, celle de faire progresser l’orateur, ce dernier pourrait le ressentir comme une mise en accusation. Car c’est un message Tu, sous la forme “tu devrais” ou “tu ne devrais pas”.

Au contraire, le message Je exprime comment l’émetteur du message (ici l’évaluateur) voit les choses personnellement. Par exemple : “j’ai été perturbé par ton dandinement. Car cela a distrait mon attention et m’a empêché de me concentrer sur le contenu de ce que tu disais. Aussi, à la place, tu pourrais essayer de rester stable sur tes deux pieds”. De ce fait, l’évaluateur décrit comment il ressent le discours, et l’effet qu’il a sur lui, sans porter de jugement sur ce que l’orateur a fait ou n’a pas fait.

Selon le psychologue américain Thomas Gordon, le message Je améliore les relations interpersonnelles. D’après lui, le message Je sert par exemple à décrire le comportement inapproprié d’un enfant sans lui faire de reproche. De ce fait, le message Je est bien plus efficace pour motiver le changement de comportement que le message Tu.

EST-CE que ça marche ?

Afin d’étudier les effets du message Je, les chercheurs en psychologie sociale ont trouvé qu’il suscitait chez le récepteur du message moins d’émotions négatives et davantage de compassion et de coopération que le message Tu. De même, dans les conflits inter-personnels, le message Je signale que l’émetteur est prêt à communiquer son propre point de vue et qu’il est ouvert à la négociation.

D’autre part, les messages Je sont mieux mémorisés et déclenchent une plus grande réactivité émotionnelle. Également, dans les relations de couple, le message Je est associé à une meilleure capacité à résoudre les problèmes et à une plus grande satisfaction des partenaires. A l’inverse, la fréquence des messages Tu est liée à une moindre qualité de la relation.

comment préparer un messages je ?

Le message Je comporte 4 éléments :

  • D’abord une description du comportement problématique, le plus factuellement possible
  • Le ressenti de la personne face à ce comportement
  • Les  conséquences du comportement, en particulier comment il contrarie la satisfaction d’un besoin ou l’atteinte d’un objectif
  • Une proposition sous la forme d’une demande, d’un souhait ou d’un questionnement

Le tableau ci-dessous présente des exemples de message Je dans trois situations différentes :

  Évaluation de discours Relations conjugales Relations parent-enfant
Contexte L’évaluateur fait un retour sur le langage corporel de l’orateur L’un des partenaires est mécontent de faire le ménage Le parent s’inquiète des retards répétés de son enfant
Comportement problématique “Ton déplacement incontrôlé”(“dandinement”) “Je fais tout le ménage de la maison” “Le conseil de classe m’a fait part de tes retards répétés”
Ressenti “J’ai été distrait” “C’est injuste” “Je crains que tu ne sois exclu du lycée”
Conséquences “Cela m’a empêché de me concentrer sur le contenu du discours” “C’est important pour moi l’égalité dans le couple” “Cela va nuire à ta scolarité”
Proposition “Pourquoi ne pas rester stable ?” “Tu devrais m’aider” “Peut-on en parler ?”

 

Les applications du message je

Le message Je est utile chaque fois que l’on veut exprimer une critique ou une insatisfaction sans agressivité. En voici des exemples :

Pour une évaluation Toastmasters, le message Je peut prendre la forme suivante : ce que l’orateur a dit/fait, l’effet que j’ai ressenti, le pourquoi de cet effet et, enfin, une piste d’amélioration.

Au cours d’un échange commercial, par exemple avec le service client d’un fournisseur: “Je commence à perdre patience <ressenti du client>, Je n’aime pas les promesses non tenue <la raison du ressenti>, j’ai besoin de cet appareil en bon état de fonctionnement <conséquence/expression du besoin>”.

Dans le cadre d’un accompagnement d’insertion professionnelle, “Quand nous nous mettons d’accord à la fin d’une séance sur des actions et que, la séance suivante, je constate que ces actions n’ont pas été entreprises < comportement problématique>, je suis triste <le ressenti> parce que je me sens inutile <la conséquence du comportement>.

Le message Je joue également un rôle dans la résolution de conflit afin d’exprimer ses propres intérêts.

Pour aller plus loin

Le message Je permet d’exprimer son point de vue sans blesser. En cela, il est très utile dans les évaluations de discours. De fait, la pratique de l’évaluation permet d’entraîner cette compétence- clé utile dans bien d’autres situations.

Si vous voulez assister à ce type d’évaluation, venez participer à une de nos prochaines réunions. C’est ici.

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La gestion de soi ou comment devenir prix Nobel de littérature

La gestion de soi est une méthode simple utilisée par nombre d’écrivains pour soutenir leur motivation

Dans sa propriété de Key West, à la tombée du jour, l’écrivain inscrit le nombre de mots écrits dans la journée sur le graphique épinglé sous la tête de la gazelle ramenée d’Afrique. Les veilles de sortie en mer, il écrit davantage pour se sentir moins coupable de la journée passée loin de sa table de travail.

Ce maniaque n’est autre qu’Ernest Hemingway, prix Nobel de littérature et auteur prolifique. Il illustre la gestion de soi, cette capacité à contrôler son activité, ici l’écriture, pour atteindre l’objectif que l’on s’est fixé. La gestion de soi est particulièrement utile à l’écrivain dont la motivation est mise à rude épreuve, en particulier par les inévitables lettres de rejet des éditeurs qu’il reçoit au cours de sa carrière.

La gestion de soi repose sur trois piliers : objectif, observation et évaluation.

SE FIXER UN OBJECTIF AMBITIEUX

Comment savoir qu’on est arrivé si l’on n’a pas d’adresse ? Ainsi que les psychologues l’ont démontré, il y a longtemps déjà, il faut fixer un but à ses actions. En particulier, ils ont remarqué que plus l’objectif était audacieux, plus forte la motivation, plus grand l’effort déployé et, in fine, meilleur le résultat.

Pour cela, un but doit avoir trois caractéristiques : être très spécifique, ambitieux et borné par une échéance. Ainsi, l’auteur américain de best-sellers Irving Wallace se fixait un nombre hebdomadaire de pages à produire, proportionné au temps qu’il consacrait à l’écriture.

SAVOIR S’OBSERVER

Observer le comportement que l’on souhaite améliorer fournit l’information utile au progrès. Quels sont les obstacles qui s’opposent au but qu’on s’est fixé ? Dans quelles circonstances est-on plus ou moins performant ? En outre, observer permet de constater le succès des stratégies déployées et l’évolution vers le but. C’est ce que faisait Hemingway avec ses relevés quotidiens.

ÉVALUER DE MANIÈRE CONSTRUCTIVE

Évaluer, c’est critiquer son comportement de manière constructive et bienveillante. C’est se donner des conseils en vue de s’améliorer, souvent par petites touches. Hemingway avait remarqué en s’observant qu’il perdait du temps en reprenant le travail de la veille. Il eut l’idée de s’arrêter au milieu d’une phrase pour reprendre le lendemain sans retard à partir de cette phrase.

Pour ma part, quand j’écris un discours, j’ai pris l’habitude d’établir un plan détaillé. J’ai remarqué que cela libérait mon esprit en phase de rédaction.

Le cas échéant, l’évaluation permet d’adapter l’objectif s’il s’avère irréaliste ou de s’en fixer un plus ambitieux s’il est vite atteint.

POUR ALLER PLUS LOIN

Objectif, observation et évaluation, ce sont aussi les piliers de la méthode Toastmasters qui permet à nos membres de ne plus appréhender les prises de paroles en public. Intéressés ? Venez donc assister à l’une de nos soirées conviviales. C’est ici.

 

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Communication Mentorat Psychologie Toastmasters

Le mentorat ou la machine à motivation

Le mentorat est l’objet d’une attention spécifique au sein de nos deux clubs

Les membres de Toastmasters ont toujours eu l’habitude de se soutenir et de s’encourager mutuellement par le biais du mentorat. Ce dernier constitue une expérience bénéfique pour le mentoré comme pour le mentor. Fidèles à cet esprit, nos deux clubs Toastmasters ont lancé récemment un programme de renforcement du mentorat.

Dans cet article, nous allons parler de la place du mentorat dans l’apprentissage Toastmasters. Nous évoquerons une nouvelle approche de mentorat, l’entretien motivationnel. Enfin nous donnerons quelques clés pour l’utiliser concrètement.

A quoi sert le mentorat ?

Chez Toastmasters, un membre progresse en fonction de son assiduité aux réunions. Il doit aussi préparer des discours. Cela demande certes du temps, mais surtout de la MOTIVATION.

Après leur adhésion, les nouveaux membres sont en général très motivés. Ils évoquent souvent leurs désirs de progresser (par ex. « je souhaiterais être plus à l’aise en réunion ») ou leurs besoins (par ex. « on vient de me promouvoir. On m’a dit que je dois m’améliorer en communication »). Ils ont aussi de bonnes raisons de participer (par ex.  « grâce à Toastmasters, j’aurai davantage confiance en moi »). La dynamique de groupe joue à plein par effet de contagion (« s’il y arrive, pourquoi pas moi? »). Ou par imitation des autres membres (« tiens c’est un truc que je pourrais essayer moi aussi »). Le rôle du mentor est de l’aider à passer immédiatement à l’action. Pour cela, il donne au mentoré l’information dont il a besoin pour éviter les frustrations de départ.

Cependant, il arrive parfois, qu’après les premières réunions, le nouvel adhérent éprouve des sentiments plus mélangés. Ainsi, le mentor entend des phrases comme « Je veux participer quand ça me chante ». Ou bien « Je n’arrive pas à éviter les hésitations ». Ou encore « Je dois maintenant concentrer mon énergie à d’autres projets que Toastmasters ».

S’il commence à manquer des réunions, le membre a l’impression que d’autres, arrivés après lui, sont meilleurs. Il devient ambivalent. Le rôle du mentor est alors d’accompagner le mentoré à surmonter cette ambivalence.

surmonter ses doutes

Dans un club Toastmasters, les mentors ont acquis une telle expérience, en participant à des réunions ou à des concours, qu’ils croient bien faire en partageant cette expérience avec leurs mentorés. Chemin faisant, ils emploient souvent un langage directif (« vous devez », « il faut », « vous vous êtes engagé ») et donnent de l’information non sollicitée dont regorge la communauté Toastmasters. Cela s’appelle le réflexe de l’expert.

C’est souvent CONTREPRODUCTIF. En effet, donner des conseils, qui plus est non sollicités, élargit le décalage entre la perception de l’expert/mentor et celle du mentoré. Il pousse ce dernier à adopter, à contre-cœur, un comportement auquel il n’est pas encore prêt. Car, spontanément, un individu se fait confiance, y compris dans ses propres doutes. Lui donner des injonctions restreint sa liberté et diminue la confiance qu’il s’accorde à lui-même. En psychologie, ce phénomène est connu sous le nom de réactance.

L’entretien motivationnel POUR y arriver

L’entretien motivationnel a justement été conçu pour aider une personne à explorer et résoudre son ambivalence sans déclencher de réactance. Il s’agit d’une conversation collaborative permettant à la personne d’exprimer ses motivations et de renforcer ses capacités de changement. De nombreux domaines utilisent cette approche, dans la santé (traitement des addictions, auto-gestion des maladies chroniques), la justice (comme précurseur à des traitements de comportements violents) et le travail social (insertion professionnelle, orientation des adolescents). Elle est parfaitement adaptée pour le mentorat.

Le principe cardinal de l’entretien motivationnel est de développer une relation empathique, centrée sur la personne pour lui permettre d’explorer et de résoudre son ambivalence. Pour cela, la conversation évolue en plusieurs étapes vers cette résolution :

  • Tout d’abord, établir une relation de confiance
  • Ensuite, se concentrer sur un objectif accepté voire même suggéré par le mentoré
  • Puis, évoquer l’ambivalence du mentoré par rapport à cet objectif pour l’approfondir et faire émerger le langage de changement
  • Enfin, le responsabiliser pour passer à l’action
L’entretien en pratique

Au cours d’un entretien motivationnel, le mentor est amené à utiliser 5 outils conversationnels très simples. Ils correspondent chacun à une lettre de l’acronyme OuVERD :

  • Poser des questions Ouvertes. A la différence des questions fermées auxquelles on répond par oui ou par non, elles permettent au mentoré de développer sa réponse. Par exemple “Pour quelles raisons voulez-vous vous améliorer en communication ?”, “Comment pourriez-vous vous y prendre pour y arriver ?”, “ ou bien “Et maintenant que pensez-vous faire ?”
  • Valoriser les forces, les valeurs et les efforts du mentoré. Cette technique est familière au Toastmaster car il l’utilise fréquemment pour ses évaluations. Elle augmente la confiance en soi du mentoré.
  • Ecouter en reflet pour vérifier qu’il a bien compris le mentoré. Cette technique est au cœur de l’empathie. Elle consiste à répéter ce que vient de dire le mentoré. Les reflets peuvent être simples, en paraphrasant ce qui vient d’être dit, double, en reflétant deux assertions qui semblent se contredire, exagéré, en amplifiant volontairement le reflet ou hypothétique, en émettant une supposition qui complète la parole de la personne. Ces reflets ont pour but de permettre à la conversation de se développer et d’explorer toutes les facettes de l’ambivalence, en suscitant un discours-changement
  • Résumer de temps en temps, pour rappeler le discours-changement exprimé par le mentoré
  • Donner de l’information en demandant la permission au mentoré et à condition que cela corresponde à un besoin. Cela a pour but de ne pas déclencher le réflexe de l’expert
Pour aller plus loin

Un mentor efficace donne les bonnes informations au bon moment et aide le mentoré à surmonter ses doutes. En cela, l’entretien motivationnel améliore la relation mentoré-mentor, la rendant moins directive et favorisant l’autonomie.

Venez donc nous rendre visite lors d’une prochaine réunion pour constater les bénéfices du nouveau programme de mentorat de nos deux clubs Toastmasters.

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La dramaturgie appliquée à l’art oratoire

Depuis la nuit des temps, la dramaturgie a créé nombre d’œuvres au théâtre ou au cinéma. Elle peut aussi rendre un discours plus efficace

N’importe quel orateur un peu expérimenté le sait. Un bon discours se doit de capter immédiatement l’attention de l’auditeur. Il doit soutenir celle-ci dans la durée pour rester dans les mémoires. C’est, finalement, la même chose qu’une bonne série Netflix qui repose sur un récit palpitant. Dans son livre La Dramaturgie, Yves Lavandier a recensé les principes auxquels obéit tout récit de bonne qualité dramatique.

Les applications vont du théâtre à la bande dessinée, en passant par le cinéma et, donc, les séries télévisées. Comment ces principes pourraient-ils aussi s’appliquer aux discours qu’on prononce dans les réunions Toastmasters?

Cet article présente les principes de la dramaturgie, son apport à la rhétorique et les règles pour « dramatiser » un discours.

Qu’est-ce que la dramaturgie?

Pour Lavandier, le récit dramatisé entraîne un personnage à la poursuite d’un objectif. En chemin, il rencontre des obstacles qui s’y opposent. Il en existe plusieurs variantes.

Ainsi, le voyage du héros dépeint les péripéties d’un homme ordinaire affrontant des obstacles extraordinaires. Ceux-ci contribuent à le rendre meilleur et, à travers lui, l’ensemble de l’humanité. La saga Star Wars a usé jusqu’à la corde ce type de récit.

Dans la tragédie, le héros progresse grâce à ses qualités. Puis ses propres défauts le conduisent inéluctablement à sa chute. Le destin d’Œdipe en est un modèle emblématique.

Pour les discours, la dramaturgie présente deux intérêts. Elle en renforce le caractère persuasif. Et elle en facilite la mémorisation pour le public.

DES EFFETS PROUVES

Les publicitaires utilisent souvent la persuasion narrative lorsqu’ils saupoudrent leurs messages de personnages sympathiques ou d’histoires drôles. Jennifer Edson Escalas de l’Université Vanderbilt a montré qu’un auditoire répondait plus positivement aux publicités sous une forme narrative plutôt que sous forme d’arguments en faveur du produit.

Une autre chercheuse, Mélanie Green, dans une étude de 2006, a montré que si on percevait une information comme factuelle, celle-ci réveillait l’esprit critique chez le récepteur. Si, en revanche, on la percevait comme une fiction, elle avait l’effet inverse. Les gens accepteraient les idées plus facilement lorsque leur esprit est en mode récit plutôt qu’en mode analytique.

De son côté, Chip Heath a demandé à ses étudiants de Stanford de prononcer un discours sur la criminalité. 63% des auditeurs se souvenaient des discours comportant des histoires. Et seulement 5 % se souvenaient de ceux avec des statistiques. Les histoires favoriseraient la mémorisation par les émotions qu’elles déclenchent.

La dramaturgie appliquée à la rhétorique

Si la dramaturgie enrichit un discours, comment l’utiliser à bon escient? L’art de raconter des histoires, quand il est appliqué à la rhétorique, obéit à ses propres règles.

Tout d’abord, un discours, par nature très court, doit être concis. L’introduction doit ramasser en quelques phrases la description du futur héros, son objectif et le déclenchement du récit. Pour susciter l’empathie du public, l’enjeu doit être clair et universel. Ensuite, la caractérisation des personnages ne peut qu’être schématique, par exemple en caractérisant le héros par son activité. La conclusion doit comporter une chute. Enfin, une bonne histoire doit converger vers un but, idéalement une vérité découverte par l’orateur.

Pour injecter de la dramaturgie, deux approches sont envisageables. Tout d’abord, l’approche descendante. A partir de la proposition du discours, l’orateur réfléchit aux histoires, personnelles ou non, qui pourront illustrer cette proposition. Ensuite, l’approche ascendante ; elle part d’une histoire captivante et en cherche un sens qui puisse devenir une proposition de discours. Une fois que l’histoire se dessine, sa qualité peut être améliorée grâce à une checklist avant de la détailler dans le plan du discours. Cette même checklist peut s’utiliser pour évaluer, en vue de l’améliorer, un discours existant sous l’angle de la dramaturgie.

POUR ALLER PLUS LOIN

En conclusion, la dramaturgie rend un discours plus intéressant. Dans un prochain article, nous étudierons comment ces principes ont été appliqués (ou pas) à un discours humoristique. En attendant, si vous voulez écouter de bons récits dramatisés, venez nous rendre visite. C’est ici.

 

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93% de la communication passe par le non verbal. Vraiment ?

D’après certains, la communication en public se ferait essentiellement par le non-verbal.  En réalité, c’est (beaucoup) plus compliqué que cela.


« Mehrabian l’a démontré : 93% de la communication vient du non-verbal ». La simplicité de cette affirmation, entendue lors d’une formation à la parole en public, a de quoi rendre perplexe. Car, si elle est vraie, elle dévalorise le contenu d’un discours. A quoi servirait-il de préparer méticuleusement une intervention si un bon acteur lisant le bottin était plus persuasif qu’un orateur ayant travaillé des heures pour affiner son discours ? Dans cet article, nous allons voir ensemble quelle est l’importance relative du contenu d’un discours, le verbal, par rapport à la prononciation de celui-ci, ce qu’exprime le langage non-verbal.
Pour cela, nous allons examiner les expériences conduites par Mehrabian et comment il en a tiré l’affirmation précédente, puis nous aborderons des considérations plus générales sur l’importance relative du verbal par rapport au non-verbal.

LA PREMIÈRE EXPÉRIENCE DE MEHRABIAN

Albert Mehrabian, un psychologue américain, a mené, en 1967, deux expériences sur la communication. Elles visaient à évaluer l’importance relative des trois canaux qui composent la communication orale:

  • Verbal, c’est-à-dire le contenu du discours
  • Vocal, l’intonation de la voix
  • Corporel, l’expression du visage et les gestes.

La première expérience avait pour but d’évaluer l’importance relative du canal verbal par rapport au canal vocal. Pour cela, il demanda à deux femmes de prononcer chacune 9 mots différents (trois à teneur positive comme « merci », trois neutres comme “peut-être”, trois à connotation négative comme « brute »). Chaque mot était prononcé avec trois intonations différentes (une positive, une neutre, une négative). Le tout générait 27 expressions différentes (9 mots x 3 intonations). Mehrabian demanda ensuite à des auditeurs de juger, parmi ces 27 expressions, quel sentiment éprouvaient ces femmes à l’égard de la personne à qui le message était adressé. Ce sentiment était-il positif (par ex. elle l’aime) ou négatif (par ex. elle ne l’aime pas)?

Il découvrit que le jugement se formait grâce aux intonations de la voix, plutôt que grâce au contenu du message. En particulier, lorsque les canaux se contredisaient (par ex. un mot négatif prononcé avec une intonation positive), l’intonation de la voix avait la primauté. Mehrabian a observé que le ton de la voix avait 5,4 fois plus d’importance que le mot prononcé.

LA SECONDE EXPÉRIENCE

Au cours de la seconde expérience, les deux femmes ne prononçaient qu’un seul mot (le mot neutre « peut-être ») avec trois intonations différentes et trois expressions du visage différentes (positive,  neutre, négative), soit neuf possibilités. Il trouva que l’expression du visage était 1,4 fois plus importante que l’intonation de la voix pour juger du sentiment de l’oratrice. En combinant les deux études, il en déduisit les poids respectifs du contenu, de l’intonation et de l’expression du visage. Soit 7%, 38% et 55% respectivement et, donc, que 93% du jugement se formait à partir des signaux non-verbaux.

LES CRITIQUES ADRESSÉES A MEHRABIAN

Ces deux expériences on fait l’objet de nombreuses critiques.

Tout d’abord, aucune des deux n’a évalué les trois canaux de communication simultanément.

Ensuite, il s’agissait d’un type de jugement très particulier, le jugement affectif qui porte sur les sentiments: l’émetteur du message apprécie-t-il le récepteur du message? Elles n’ont pas évalué les jugements cognitifs qui s’intéressent à la signification du discours. Encore moins les jugements engendrés chez le récepteur.

Enfin, les mots étaient prononcés hors de tout contexte alors que, dans la vie réelle, ce contexte est fondamental pour juger, en particulier s’il y a d’autres informations que celles véhiculées par les trois canaux1.

Les études postérieures n’ont jamais réussi à démontrer la primauté du non-verbal sur le verbal. Ni celle de l’expression du visage sur la gestuelle. Par exemple, quand les trois canaux de communication (verbal, vocal, corporel) se contredisent, certaines études montrent que le canal négatif, verbal ou non-verbal, emporte la décision. Si je dis « je te déteste » avec une voix amicale, l’auditeur conclura que mon sentiment est négatif.

En fait, Mehrabian a essentiellement montré une banalité. Les auditeurs interprètent les sentiments de l’orateur à l’égard du récepteur à l’aide du contenu du discours, de son intonation et du langage corporel. Mais l’importance relative de ces facteurs dépend, en réalité, des circonstances.

LE PLUS IMPORTANT : VERBAL OU NON-VERBAL ?

Alors, que peut-on dire de l’importance relative des trois canaux de communication ?

Sans surprise, dans les jugements cognitifs, le canal verbal (contenu du discours) importe plus que dans les jugements affectifs. Cette importance croît avec la quantité d’information véhiculée.

Pour sa part, le canal vocal (la voix) est important pour juger  l’assurance, la sincérité et l’intensité du sentiment d’un orateur. Le canal visuel (visage et  gestes) est crucial pour juger si l’orateur est bien ou mal disposé à l’égard du récepteur. Cependant, si le canal vocal ou verbal contredit le canal visuel, celui-ci aura moins de poids.

Un cas particulièrement complexe est celui des jugements quant à la sincérité de l’orateur. Lorsque le canal verbal et les canaux non-verbaux se contredisent, l’auditeur suspecte un manque de sincérité. Le canal verbal pèse alors plus que les autres canaux. Il prend d’autant plus d’importance que son contenu est plausible et s’oppose aux intérêts de l’orateur. L’auditeur qui suspecte un manque de sincérité accordera également moins d’importance à l’expression du visage. Et davantage à la voix et au langage du corps.

Enfin, le genre, masculin ou féminin, de l’orateur et du récepteur affecte l’importance relative des canaux. Pour une femme, le public donne plus d’importance au contenu et à la voix que pour un homme. Quant à l’homme, il écoute en attachant moins d’importance au langage non-verbal qu’une femme.

POUR ALLER PLUS LOIN

Tout cela vous paraît un peu compliqué, n’est-ce pas ? Pour ma part, la leçon que j’en retiens est de veiller à la cohérence des trois canaux.

Qu’en pensez-vous ? Pourquoi n’expérimenteriez-vous-pas vous-même dans ce laboratoire de la communication qu’est la soirée Toastmasters ? Pour nous rendre visite, c’est ici.

 

Footnotes
1    Par exemple, si l’émetteur frappe l’orateur, cela sera sans doute interprété comme un signal négatif…

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Caresser le serpent ou comment se développe la confiance en soi

Les travaux  sur la confiance en soi de l’un des plus grands psychologues de notre temps éclairent la méthode Toastmasters

Derrière le miroir sans tain, Robert observe avec effroi le python royal. Les reptiles, c’est sa terreur depuis l’enfance ; ils lui donnent des cauchemars toutes les nuits. Pourtant, dans quelques heures, Robert va prendre le serpent sur ses genoux et le caresser.

Albert Bandura, le psychologue de la confiance en soi

L’homme derrière ce traitement s’appelle Albert Bandura. C’est le psychologue vivant (il a maintenant 95 ans) le plus cité dans la littérature scientifique. Et un parfait inconnu du grand public. Il a étudié beaucoup de choses en psychologie et, en particulier, la confiance en soi. Pour traiter des gens comme Robert, il a inventé un processus par étapes extrêmement efficace. Il a commencé par mettre ces personnes derrière un miroir sans tain pour qu’elles observent le serpent qui se trouvait derrière, jusqu’à ce qu’elles soient à l’aise. Puis, par une série de petits pas, il les a amenés à se déplacer dans l’encadrement de la porte pour regarder à l’intérieur de la pièce. Jusqu’à ce qu’elles soient de nouveau à l’aise. Et puis, bien des étapes plus tard, de toutes petites étapes, elles se sont retrouvées dans la pièce et elles ont fini par toucher le serpent.

Bandura a démontré que faire vivre à ces gens des expériences progressives de succès leur donnait confiance en leur propres capacités, comme ici affronter la peur irrationnelle des reptiles. Ainsi, ils parvenaient à changer leurs habitudes, même celles profondément ancrées dans des traumatismes anciens. Bandura a légué à l’humanité deux principes sur la confiance en soi. Le premier est que, quand les gens ont confiance en leurs compétences, ils réussissent mieux dans ce qu’ils entreprennent, ils sont plus persévérants et plus résistants face à l’échec. Le deuxième est que la confiance en soi n’est pas innée, mais qu’elle se fortifie comme un muscle. Sa méthode pour la renforcer, il l’a baptisée la maîtrise guidée.

La maîtrise guidée : une approche délibérée pour augmenter la confiance en soi

La maîtrise guidée fait appel à trois techniques principales :

  • L’expérimentation du succès par soi-même en effectuant des tâches à la difficulté graduellement accrue. Ainsi, dans l’exemple de tout à l’heure, Robert enlève d’abord son masque et ses gants, puis va dans la même pièce que le serpent, puis s’asseoit à côté du serpent, et finalement le touche
  • L’imitation de modèles qui démontrent les comportements appropriés. Dans l’exemple, Robert observe le moniteur, un acteur en fait, dans son maniement du serpent
  • La persuasion sociale par les réactions que suscitent les tentatives de la personne. Ainsi, Robert reçoit les encouragements du moniteur chaque fois qu’il fait un pas dans la bonne direction.
La méthode Toastmasters comme mise en œuvre de la maîtrise guidée

La méthode Toastmasters applique chacune de ces techniques de la maîtrise guidée. Ainsi, un nouveau membre se livre à des activités de communication de plus en plus complexes (graduation des difficultés). Dès son arrivée au club, il prend la parole par exemple en tant que maître du temps, pour rendre compte de la durée des interventions orales et ou bien en tant que compteur des hésitations de ses collègues orateurs. Il enchaîne ensuite avec des prises de parole plus complexes, en prononçant des discours préparés ou en animant des réunions. L’observation de membres plus expérimentés lui permet de constater in vivo l’efficacité des pratiques et l’incite à les tester lui-même (imitation de modèles). Enfin, les évaluations qu’il reçoit du groupe permettent de renforcer la confiance en ses propres capacités (persuasion sociale).

Pour aller plus loin

Vous aussi, venez participer à l’une de nos soirées en vous inscrivant ici. Vous vous rendrez compte, dans une ambiance conviviale, de la puissance de la méthode et vous guérir de votre appréhension en osant, vous aussi, caresser le serpent.

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La créativité au service de l’art oratoire

La créativité est fort utile à l’orateur dans toutes les phases de l’élaboration d’un discours. La bonne nouvelle est que cette compétence s’apprend !

Un Toastmaster améliore son expression orale en préparant des discours qu’il prononce au cours des réunions de son club. Ainsi il aborde progressivement toutes les facettes de l’art oratoire, comme structurer un discours, choisir les mots appropriés ou varier la voix. Cependant, pour certains membres, trouver un sujet de discours est un obstacle infranchissable qui nuit à leur progression. Jean-Philippe, par exemple, estime qu’il “n’[a] pas d’idées intéressantes pour [ses] discours”.

LA CREATIVITE AU SERVICE DE L’ORATEUR

La créativité permet de trouver délibérément de nouvelles idées. Notamment, pour l’art de parler en public, elle est d’une aide précieuse à plusieurs étapes de la création et de l’interprétation d’un discours. Par exemple elle peut lui servir pour enrichir la dramaturgie d’une histoire, pour injecter de l’humour ou varier son style.

L’une des approches les plus efficaces pour développer la créativité est la méthode CPS (Creative Problem Solving), créée par Alex Osborn, l’un des fondateurs de l’agence de publicité BBDO. Elle suit un processus très structuré, en 8 étapes (cf. figure 1). En outre, deux respirations rythment chacune de ces étapes : la divergence avec des outils permettant de récolter une riche moisson d’idées, et la convergence pour sélectionner les plus utiles. Or le chercheur américain Kuan Tsai a ainsi montré, en compilant plusieurs études randomisées, que la technique CPS avait une très grande efficacité.

Figure 1 : Aperçu de la méthode CPS

UNE APPLICATION A LA RHETORIQUE : L’ECHELLE D’ABSTRACTION

La place manque dans ce billet pour un aperçu complet sur le CPS. Aussi nous bornerons-nous à décrire un outil divergent, l’échelle d’abstraction. Elle est particulièrement utile pour rendre concret un discours trop abstrait ou, au contraire, à oxygéner une expression trop prosaïque.

Pour cela, le bas de l’échelle (cf. figure 2) symbolise les objets concrets : par exemple une vache, une chaise, un chiffre, tandis que le haut de l’échelle représente les concepts abstraits : par exemple la liberté ou la relativité restreinte.

Figure 2 : Echelle d’abstraction

Chaque orateur possède un biais dans son expression. Ou il se situe plutôt en bas de l’échelle en submergeant son auditoire sous un déluge de chiffres sans en fournir l’interprétation. Ou il est plutôt en haut de l’échelle en manipulant, par exemple, une théorie sans en évoquer l’application pratique. Pour améliorer son discours, l’orateur monte ou descend sur l’échelle de l’abstraction :

  • D’un côté, monter l’échelle rendra le problème plus abstrait et plus général. Pour cela, l’orateur se pose des questions de type “Pourquoi ?”, telles que “De quoi ce dont on parle est-il l’exemple ?” ou “Quelle est la vue globale ?” ou encore “Quels sont les modèles et les relations, les tendances, les enseignements, les inférences, les principes et directives, les idéaux… ?”
  • De l’autre, descendre l’échelle donnera du concret à l’expression. A cette fin, l’orateur se pose des questions de type “Comment ?”, comme “Comment faire pour mettre en application?”, ou “Quels sont les exemples ?”. Il répond à ces questions en donnant un exemple, en racontant des histoires et des anecdotes ou en fournissant des statistiques.
EN CONCLUSION

La méthode CPS met à la disposition des orateurs de nombreux outils de créativité pour améliorer leurs discours. Voulez-vous assister à une de nos séances pour observer comment nos membres les utilisent dans leur prise de parole ? Suivez le guide!

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La pratique délibérée : l’art de progresser éternellement

Cette approche permet de développer l’expertise dans de nombreux domaines dont l’art oratoire.

L’homme politique et écrivain américain Benjamin Franklin s’est donné très tôt les moyens d’améliorer sa plume. Dès l’adolescence, il a pris l’habitude de réécrire de mémoire les articles lus dans le Spectator, le Libé de l’époque. Il comparait ensuite sa prose avec la version originale et apprenait ainsi à enrichir son vocabulaire et ses tournures de phrase. Le jeune homme s’exerçait là, sans le savoir, à la pratique délibérée.

QU’EST-CE QUE LA PRATIQUE DELIBEREE ?

La pratique délibérée est une stratégie d’apprentissage où l’apprenant s’engage à suivre un exercice d’entraînement planifié et répété, dans une logique de progression, avec un objectif bien défini. En cela, elle se distingue de la pratique routinière par laquelle on se contente de répéter les mêmes gestes ou les mêmes procédures. Pour être efficace, l’étudiant doit répéter les exercices de pratique délibérée de nombreuses fois, disposer rapidement et facilement des résultats de ses actions, pour corriger sans délai l’écart entre ces résultats et la performance attendue. Comme il est amené à échouer souvent, il est important d’effectuer ces exercices dans un environnement sans risque. Le retour de la part d’un expert permet également de soulager la frustration des essais et erreurs répétés.

LA PRATIQUE DELIBEREE CHEZ TOASTMASTERS

Et le jeu en vaut la chandelle. K. Anders Ericsson a étudié la haute performance, en particulier chez les artistes, les joueurs d’échecs et les sportifs. Pour lui, la pratique délibérée permet à la longue de distinguer les experts, capables de prouesses inouïes, et les personnes simplement compétentes.

Prenons l’exemple d’Alain, un Toastmaster déjà expérimenté. Il souhaite s’améliorer en évaluation de discours grâce à la pratique délibérée. Pour commencer, il se lance un défi : prononcer son discours d’évaluation sans note ! Il élabore pour cela une stratégie de mémorisation des points forts et des points d’amélioration du discours qu’il évalue grâce à un nombre limité de mots-clés. Pour pratiquer sa stratégie de manière répétée, il s’est constitué un répertoire de discours-cibles sur son ordinateur grâce à la mine d’or constituée des discours TEDx.

LA SPIRALE ASCENDANTE DES PROGRÈS

Il répète ainsi inlassablement le même processus : écouter le discours-cible, l’évaluer grâce aux mots-clés, mémoriser ces derniers, puis prononcer le discours d’évaluation sans note. Il va même jusqu’à s’enregistrer afin de pouvoir s’auto-évaluer. Au début, les évaluations sont maladroites et superficielles. Cependant, il constate avec plaisir qu’au fil du temps, sa performance s’améliore. Cela le motive à poursuivre la pratique. Au bout de quelques semaines, il aura la satisfaction de remporter haut la main le concours d’évaluation du club.

ET VOUS?

La pratique délibérée est un moyen de progresser qui a fait ses preuves pour tout aspirant orateur. Les réunions de club sont l’occasion de pratiquer sans risque avec le retour bienveillant de membres expérimentés. A votre tour de venir nous visiter lors d’une de nos prochaines séances.

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