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Les enseignements des grands orateurs de l’Histoire : Démosthène

En dépit des 24 siècles qui nous séparent de Démosthène, celui-ci reste un modèle pour les orateurs d’aujourd’hui.

Cet article inaugure une série de portraits consacrés aux grands orateurs de l’Histoire. Quels furent leurs faits d’arme, et quelle pertinence leur exemple conserve-t-il pour l’éloquence moderne ?

A tout seigneur, tout honneur, nous commençons par Démosthène, l’un des plus grands orateurs de l’Antiquité. Nietzsche, grand connaisseur de l’art oratoire antique, admirait son talent. Clémenceau, le Tigre de la Grande Guerre, lui consacra un ouvrage et voyait en ce défenseur acharné de la liberté un idéal dans la lutte qu’il mena lui-même contre Guillaume II.

DÉFENSEUR ET MARTYR DE LA LIBERTÉ

Démosthène naquit en 384 av. J.-C. à Athènes. Enfant solitaire, orphelin de père à sept ans et élevé principalement par des femmes, il se réfugiait volontiers dans la lecture de livres d’histoire et des grands discours du passé. Comme bon nombre de jeunes Athéniens de familles aisées, il bénéficia de l’enseignement de Platon.

Sa faible constitution l’ayant détourné de la chose militaire, il choisit l’art oratoire pour gagner sa vie. A cette époque, l’éloquence était en effet primordiale pour convaincre des juges qui n’étaient pas des professionnels. Les bons orateurs exerçaient alors le métier d’avocat. Sa première plaidoirie lui permit de recouvrer son héritage, détourné par ses propres tuteurs.

Il vola ensuite de succès en succès. Il est resté dans l’Histoire comme celui qui exhorta le peuple grec à faire face aux visées expansionnistes de la Macédoine, au travers des fameuses Philippiques. Bien qu’il survécût à ses ennemis Philippe II et son fils, Alexandre le Grand, il dut s’enfuir sur l’île de Paros où, poursuivi par des tueurs à solde du tyran macédonien, il finit par se suicider.

POURQUOI EST-IL TOUJOURS D’ACTUALITÉ ?

Démosthène reste encore actuel de nos jours pour trois raisons.

Il était tout d’abord expert pour adapter son style à l’auditoire. Pour convaincre les juges athéniens non-professionnels, souvent gens du peuple, Démosthène employait des mots simples issus de la vie quotidienne. De même, il utilisait souvent le langage de l’action, en particulier des infinitifs substantivés (comme le parler). Il utilisait également de nombreuses métaphores pour imager son propos. Même la structure de ses phrases était simple : une proposition principale pour donner l’idée essentielle et des subordonnées pour les détails.

Par ailleurs, Démosthène incarne l’orateur nourri de passion. Son engagement de défendre la liberté d’Athènes face aux visées macédoniennes était entier, presqu’exalté. Pour communiquer cette passion, il savait varier son style, tantôt familier, tantôt solennel, tantôt jouant sur les sentiments, tantôt calme et posé. Il n’hésitait pas, au passage, à provoquer son public, l’invectivant ou l’apostrophant tour à tour. Il utilisait aussi pleinement le langage corporel, ce qu’Aristote, son contemporain, lui reprochait, car préférant une éloquence sobre et rationnelle.

Enfin, il fut l’un des premiers adeptes de la pratique délibérée, cette technique d’amélioration systématique. Par exemple, pour pallier un défaut d’élocution – on le surnommait le bègue – il se contraignait à parler avec un caillou dans la bouche, face à la mer, pour projeter sa voix au-dessus du vacarme des vagues. Souffrant de difficultés respiratoires, il gravissait les collines d’Athènes en déclamant ses discours jusqu’à ce qu’il ne soit plus essoufflé. Grâce à cet entraînement sportif, il était capable de s’adresser sans difficulté à des assemblées de juges qui, parfois, comptaient plusieurs centaines de personnes.

POUR ALLER PLUS LOIN

Certes, Démosthène n’empêcha pas la conquête d’Athènes par Philippe de Macédoine. Mais, comme l’a écrit Clemenceau, « …Sans Démosthène, la Grèce eût succombé avec l’air morose et affligeant ». En compagnie de Cicéron, de Boileau et de Nietzsche, il est temps de se remémorer les enseignements du grand orateur.

Démosthène en herbe, vous rêvez de vous améliorer en éloquence ? Venez donc assister à une de nos prochaines séances : c’est ici.

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Caresser le serpent ou comment se développe la confiance en soi

Les travaux  sur la confiance en soi de l’un des plus grands psychologues de notre temps éclairent la méthode Toastmasters

Derrière le miroir sans tain, Robert observe avec effroi le python royal. Les reptiles, c’est sa terreur depuis l’enfance ; ils lui donnent des cauchemars toutes les nuits. Pourtant, dans quelques heures, Robert va prendre le serpent sur ses genoux et le caresser.

Albert Bandura, le psychologue de la confiance en soi

L’homme derrière ce traitement s’appelle Albert Bandura. C’est le psychologue vivant (il a maintenant 95 ans) le plus cité dans la littérature scientifique. Et un parfait inconnu du grand public. Il a étudié beaucoup de choses en psychologie et, en particulier, la confiance en soi. Pour traiter des gens comme Robert, il a inventé un processus par étapes extrêmement efficace. Il a commencé par mettre ces personnes derrière un miroir sans tain pour qu’elles observent le serpent qui se trouvait derrière, jusqu’à ce qu’elles soient à l’aise. Puis, par une série de petits pas, il les a amenés à se déplacer dans l’encadrement de la porte pour regarder à l’intérieur de la pièce. Jusqu’à ce qu’elles soient de nouveau à l’aise. Et puis, bien des étapes plus tard, de toutes petites étapes, elles se sont retrouvées dans la pièce et elles ont fini par toucher le serpent.

Bandura a démontré que faire vivre à ces gens des expériences progressives de succès leur donnait confiance en leur propres capacités, comme ici affronter la peur irrationnelle des reptiles. Ainsi, ils parvenaient à changer leurs habitudes, même celles profondément ancrées dans des traumatismes anciens. Bandura a légué à l’humanité deux principes sur la confiance en soi. Le premier est que, quand les gens ont confiance en leurs compétences, ils réussissent mieux dans ce qu’ils entreprennent, ils sont plus persévérants et plus résistants face à l’échec. Le deuxième est que la confiance en soi n’est pas innée, mais qu’elle se fortifie comme un muscle. Sa méthode pour la renforcer, il l’a baptisée la maîtrise guidée.

La maîtrise guidée : une approche délibérée pour augmenter la confiance en soi

La maîtrise guidée fait appel à trois techniques principales :

  • L’expérimentation du succès par soi-même en effectuant des tâches à la difficulté graduellement accrue. Ainsi, dans l’exemple de tout à l’heure, Robert enlève d’abord son masque et ses gants, puis va dans la même pièce que le serpent, puis s’asseoit à côté du serpent, et finalement le touche
  • L’imitation de modèles qui démontrent les comportements appropriés. Dans l’exemple, Robert observe le moniteur, un acteur en fait, dans son maniement du serpent
  • La persuasion sociale par les réactions que suscitent les tentatives de la personne. Ainsi, Robert reçoit les encouragements du moniteur chaque fois qu’il fait un pas dans la bonne direction.
La méthode Toastmasters comme mise en œuvre de la maîtrise guidée

La méthode Toastmasters applique chacune de ces techniques de la maîtrise guidée. Ainsi, un nouveau membre se livre à des activités de communication de plus en plus complexes (graduation des difficultés). Dès son arrivée au club, il prend la parole par exemple en tant que maître du temps, pour rendre compte de la durée des interventions orales et ou bien en tant que compteur des hésitations de ses collègues orateurs. Il enchaîne ensuite avec des prises de parole plus complexes, en prononçant des discours préparés ou en animant des réunions. L’observation de membres plus expérimentés lui permet de constater in vivo l’efficacité des pratiques et l’incite à les tester lui-même (imitation de modèles). Enfin, les évaluations qu’il reçoit du groupe permettent de renforcer la confiance en ses propres capacités (persuasion sociale).

Pour aller plus loin

Vous aussi, venez participer à l’une de nos soirées en vous inscrivant ici. Vous vous rendrez compte, dans une ambiance conviviale, de la puissance de la méthode et vous guérir de votre appréhension en osant, vous aussi, caresser le serpent.

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