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Communication Mentorat Toastmasters

Comment accompagner efficacement la création d’un club Toastmasters? (2ème partie)

Dans cet article, nous allons décrire en détail le processus d’accompagnement présenté dans la première partie de ce dossier

L’accompagnement SpeechCraft  pour créer un nouveau club se déroule en plusieurs phases successives.

VEILLER AU NOMBRE ADÉQUAT DE FORMATEURS

Avant de s’engager dans l’accompagnement SpeechCraft, la communauté Toastmasters doit se sentir capable de fournir le service proposé. Pour cela, il faut tout d’abord recruter l’équipe de ceux qui animeront les ateliers de la formation. A minima, deux personnes sont nécessaires pour assister aux 6 séances de formation.

Ce tandem désignera l’un d’eux comme référent de la formation. Les deux personnes peuvent se déclarer comme sponsors du club. Elles recevront ainsi les unités de valeur requises pour l’obtention de degrés Toastmasters. La séance suivante a besoin d’au moins trois autres personnes. En effet, les formateurs tenant la plupart des rôles lors de ces séances, il faut une présence suffisamment nombreuse. Progressivement, ils s’effaceront devant les membres du nouveau club qui prendront progressivement tous les rôles d’une réunion.

Ainsi, lors des séances 3 et 4, une seule personne, en plus des deux permanents, est nécessaire. Les deux dernières séances, 5 et 6, ne demandent la présence que des deux permanents.

CONVAINCRE LES (FUTURS) RESPONSABLES DU CLUB

L’accompagnement SpeechCraft peut être payant. C’est souvent le cas pour les clubs d’entreprise. Il faut donc convaincre les décideurs de La valeur de cette formation. Pour cela, un argumentaire basé sur le billet précédent est un bon point de départ.

Ensuite, un embryon de bureau de club doit exister, car de nombreuses activités sont à réaliser dès le démarrage. Choisir une salle, rédiger les statuts de l’association et ouvrir un compte en banque concernent les clubs de ville. Attirer les invités et programmer les séances sont aussi importantes. Le nombre minimum pour ce bureau est de trois personnes, le nombre idéal étant de 5. Elles doivent rapidement maîtriser la méthode Toastmasters.

ÉLABORER LE PLAN DE LA FORMATION

Une fois le principe de SpeechCraft retenu par le club et l’ébauche du bureau constituée, le référent SpeechCraft peut s’attaquer à l’élaboration du plan détaillé de la formation[1]. En parallèle, il faut (faire) remplir le formulaire « Application to organize », accompagné d’un versement de $125, afin que le club acquière le statut “prospectif”, condition sine qua non pour enregistrer les sponsors.

Le client peut alors être facturé. Seuls les clubs, et non pas les individus, bénéficient des paiements liés à la formation SpeechCraft. C’est la règle Toastmasters. Il ne reste plus qu’à envoyer le support de formation (en français ou en anglais selon la langue pratiquée par le club).

BIEN PRÉPARER LES RÉUNIONS

Le référent prépare l’ordre du jour des premières réunions. Pour les premières séances, la programmation se fera “à la main ” sur un tableau Excel. Lors de la première séance, tous les rôles, sauf celui de chronométreur et des improvisateurs, sont remplis par les formateurs. A la séance suivante, les membres du club tiennent les rôles techniques et prononcent des discours. Les formateurs conservent les rôles d’évaluation et de maître de cérémonie.

Cinq minutes sont consacrées à la fin de chaque séance à préparer la réunion suivante. Tous les rôles sont distribués sur la base du volontariat.

UTILISER EASYSPEAK

Une étape importante de cette phase, une fois que le club a acquis le statut de prospectif et dispose d’un numéro de club, consiste à initialiser ses paramètres sur EasySpeak. Pour cela, il existe des commandes qui permettent de télécharger le profil des membres et les discours qu’ils ont déjà prononcés. Une fois cette opération réalisée, il convient de faire parvenir aux membres leur login ainsi qu’un mode d’emploi sommaire d’EasySpeak. La programmation des réunions s’effectuera ensuite avec EasySpeak plutôt qu’avec l’outil Excel.

Comme pour les réunions d’un club normal, il est utile d’envoyer, quelques jours avant la réunion, les principales instructions pour tenir les rôles avec des renvois sur la documentation, ainsi que la fiche d’évaluation du Briser la Glace (en français ou en anglais) de façon que les orateurs puissent enregistrer leur discours lorsque le club sera officialisé. La première fois, il peut être utile de leur donner le document “Un Toastmaster porte plusieurs casquettes” (en français et en anglais)

ASSURER LE SERVICE APRÈS VENTE

Le coaching du bureau se fait au fil de l’eau, avec une attention particulière portée au VP Formation afin qu’il maîtrise les fonctions nécessaires à la régulation de la programmation.

A la fin de la formation, le club devrait avoir atteint le seuil des 20 membres nécessaires pour être officiellement reconnu par Toastmasters. Il faut alors remplir les formulaires nécessaires pour cela et les envoyer à Toastmasters International. Un mentor du club continue le coaching du club pendant six mois. Ce n’est d’ailleurs pas obligatoirement un membre de l’équipe de formateurs. Il veille à la qualité des séances, en aidant le VP Formation à motiver les membres du club.

POUR ALLER PLUS LOIN

Créer de nouveaux clubs devrait être la mission d’un Toastmaster soucieux de faire profiter le plus grand nombre des bénéfices de la méthode. L’approche que nous avons présentée dans ces deux articles facilite la création de ces nouveaux clubs.

Si vous êtes vous-même intéressé(e) par la création d’un club, venez assister à une de nos réunions pour y rencontrer les membres qui participent à cette aventure. C’est ici.

[1] Pour accéder au document correspondant à ce lien, ainsi qu’aux documents suivants, il faut cliquer sur le lien en maintenant la touche Ctl enfoncée puis sur “Annuler”

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Communication Toastmasters

Comment accompagner efficacement la création d’un club Toastmasters? (1ère partie)

L’engouement actuel pour la prise de parole en public rend nécessaire d’accompagner efficacement la naissance de nouveaux clubs Toastmasters

L’éloquence est à la mode. En témoignent les nombreux films et émissions télévisées ou de radio consacrés à la prise de parole en public. Cela se traduit par un afflux de demandes d’adhésions à nos clubs Toastmasters et par la création de nouveaux clubs.

Pour accompagner la création de ces clubs, nous avons développé une approche que nous allons décrire dans cet article et le suivant.

LES DÉFIS D’UN NOUVEAU CLUB

Il y a quelque temps, 150 personnes étaient en attente d’une visite dans notre club l’Etincelle. Et pourtant aucune publicité particulière n’a jamais été faite en dehors du bouche à oreille. D’ailleurs, aux Etats-Unis, le berceau de Toastmasters, il existe un club pour 35.000 habitants en moyenne. Donc, dans un département comme le Val-de-Marne, il devrait y avoir 37 clubs. Or, il n’y en a qu’un seul aujourd’hui, à Créteil.

Le potentiel est donc immense et la question se pose sur la manière d’accompagner efficacement la naissance de nouveaux clubs. Car un nouveau club se doit d’atteindre rapidement le nombre optimal de 30 membres. En effet, ce nombre magique permet d’assurer une présence nombreuse aux réunions. Et que chaque membre présent puisse prendre au moins une fois la parole.

Or, quand un club démarre, ses premiers membres sont, en général, tous débutants et, à de rares exceptions, personne ne connaît bien les subtilités de la méthode Toastmasters. De ce fait, les réunions sont moins productives et attirent moins de nouveaux membres. Cela ralentit la croissance du club. Même la présence d’un ou deux membres expérimentés (« sponsors » dans le jargon Toastmasters) n’est souvent pas suffisante, comme en témoignent les longues années qu’ont mis les nouveaux clubs créés dans la région parisienne pour atteindre la masse critique.

UNE SOLUTION : SPEECHCRAFT

La solution que nous avons mise au point consiste à former à la méthode Toastmasters, en 6 séances, les premiers adhérents d’un club afin qu’ils soient capables, à leur tour, de former de nouveaux membres. Au cours de ces séances, ils apprennent à trouver des idées pour leurs discours, à les structurer, à improviser, à évaluer des orateurs et à utiliser le langage vocal et corporel. Ils apprennent aussi les rudiments de la gestion d’un club Toastmasters, en particulier pour établir le programme des séances. Cette formation est basée sur SpeechCraft, un produit dérivé de Toastmasters.

DES RÉSULTATS PROMETTEURS

Cette approche a été testée pour lancer trois nouveaux clubs d’entreprise, dans deux sociétés d’informatique et une entreprise spécialisée dans l’exploration pétrolière. Les résultats sont très positifs. L’un d’eux a rapidement atteint plus de trente membres et un de ses représentants est devenu, l’année suivante, le meilleur orateur de la région parisienne. Le deuxième, de son côté, avait déjà 23 membres, après trois mois seulement d’existence.

Si le 3ème club n’a pas réussi à décoller, il l’a dû à la faiblesse numérique de son bureau. Un club Toastmasters, en effet, ne fonctionne bien que s’il a un bureau solide avec, par exemple, un VP Formation pour la programmation des réunions, et un VP Relations Publiques qui accueille les invités. Ce club n’avait qu’une seule personne pour faire tout cela, ce qui est très insuffisant. A contrario, les deux autres clubs avaient dès le début 4 et 7 personnes respectivement dans leur bureau.

DE MULTIPLES RETOMBÉES

Les bénéfices de cette approche sont multiples. Tout d’abord, le club qui organise la formation peut faire payer sa prestation. Cette rémunération lui procure des ressources supplémentaires permettant d’améliorer son fonctionnement. De plus, les formateurs, tous membres bénévoles du club, y voient une nouvelle opportunité de pratiquer leurs talents oratoires devant un public différent des séances du club. Ils exercent ainsi des compétences éducatives leur permettant d’approfondir leur expertise. Enfin, l’accompagnement d’un club en formation permet l’obtention d’un certificat de la part de Toastmasters nécessaire pour recevoir le “graal” de DTM.

Pour le club en formation, cette formation permet d’édifier rapidement un environnement d’apprentissage de qualité. Et même si le club n’est pas créé, elle expose au moins une quinzaine de personnes à la méthode Toastmasters, leur permettant de progresser dans leur prise de parole en public pour s’inscrire éventuellement dans un autre club.

Dans le prochain article, nous allons décrire en détail les étapes de cet accompagnement à l’aide de SpeechCraft.

POUR ALLER PLUS LOIN

Vous voulez en savoir plus sur le fonctionnement d’un club Toastmasters? Venez donc assister à une de nos prochaines séances. C’est ici.

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Communication Psychologie Toastmasters

Evaluer sans blesser

Parler à la 1ère personne – avec un « message Je » – est une façon de critiquer sans démotiver

L’évaluation est la clé de voûte de la méthode Toastmasters. Mais, pour être efficace, elle doit apporter une critique constructive à l’orateur. Sans toutefois le blesser car il pourrait alors perdre sa motivation. Ainsi, un des moyens d’y arriver est le message Je.

Qu’est-ce que le message Je ?

“Tu as toujours le défaut de te dandiner quand tu prononces un discours”. Même si ce jugement part d’une bonne intention, celle de faire progresser l’orateur, ce dernier pourrait le ressentir comme une mise en accusation. Car c’est un message Tu, sous la forme “tu devrais” ou “tu ne devrais pas”.

Au contraire, le message Je exprime comment l’émetteur du message (ici l’évaluateur) voit les choses personnellement. Par exemple : “j’ai été perturbé par ton dandinement. Car cela a distrait mon attention et m’a empêché de me concentrer sur le contenu de ce que tu disais. Aussi, à la place, tu pourrais essayer de rester stable sur tes deux pieds”. De ce fait, l’évaluateur décrit comment il ressent le discours, et l’effet qu’il a sur lui, sans porter de jugement sur ce que l’orateur a fait ou n’a pas fait.

Selon le psychologue américain Thomas Gordon, le message Je améliore les relations interpersonnelles. D’après lui, le message Je sert par exemple à décrire le comportement inapproprié d’un enfant sans lui faire de reproche. De ce fait, le message Je est bien plus efficace pour motiver le changement de comportement que le message Tu.

EST-CE que ça marche ?

Afin d’étudier les effets du message Je, les chercheurs en psychologie sociale ont trouvé qu’il suscitait chez le récepteur du message moins d’émotions négatives et davantage de compassion et de coopération que le message Tu. De même, dans les conflits inter-personnels, le message Je signale que l’émetteur est prêt à communiquer son propre point de vue et qu’il est ouvert à la négociation.

D’autre part, les messages Je sont mieux mémorisés et déclenchent une plus grande réactivité émotionnelle. Également, dans les relations de couple, le message Je est associé à une meilleure capacité à résoudre les problèmes et à une plus grande satisfaction des partenaires. A l’inverse, la fréquence des messages Tu est liée à une moindre qualité de la relation.

comment préparer un messages je ?

Le message Je comporte 4 éléments :

  • D’abord une description du comportement problématique, le plus factuellement possible
  • Le ressenti de la personne face à ce comportement
  • Les  conséquences du comportement, en particulier comment il contrarie la satisfaction d’un besoin ou l’atteinte d’un objectif
  • Une proposition sous la forme d’une demande, d’un souhait ou d’un questionnement

Le tableau ci-dessous présente des exemples de message Je dans trois situations différentes :

  Évaluation de discours Relations conjugales Relations parent-enfant
Contexte L’évaluateur fait un retour sur le langage corporel de l’orateur L’un des partenaires est mécontent de faire le ménage Le parent s’inquiète des retards répétés de son enfant
Comportement problématique “Ton déplacement incontrôlé”(“dandinement”) “Je fais tout le ménage de la maison” “Le conseil de classe m’a fait part de tes retards répétés”
Ressenti “J’ai été distrait” “C’est injuste” “Je crains que tu ne sois exclu du lycée”
Conséquences “Cela m’a empêché de me concentrer sur le contenu du discours” “C’est important pour moi l’égalité dans le couple” “Cela va nuire à ta scolarité”
Proposition “Pourquoi ne pas rester stable ?” “Tu devrais m’aider” “Peut-on en parler ?”

 

Les applications du message je

Le message Je est utile chaque fois que l’on veut exprimer une critique ou une insatisfaction sans agressivité. En voici des exemples :

Pour une évaluation Toastmasters, le message Je peut prendre la forme suivante : ce que l’orateur a dit/fait, l’effet que j’ai ressenti, le pourquoi de cet effet et, enfin, une piste d’amélioration.

Au cours d’un échange commercial, par exemple avec le service client d’un fournisseur: “Je commence à perdre patience <ressenti du client>, Je n’aime pas les promesses non tenue <la raison du ressenti>, j’ai besoin de cet appareil en bon état de fonctionnement <conséquence/expression du besoin>”.

Dans le cadre d’un accompagnement d’insertion professionnelle, “Quand nous nous mettons d’accord à la fin d’une séance sur des actions et que, la séance suivante, je constate que ces actions n’ont pas été entreprises < comportement problématique>, je suis triste <le ressenti> parce que je me sens inutile <la conséquence du comportement>.

Le message Je joue également un rôle dans la résolution de conflit afin d’exprimer ses propres intérêts.

Pour aller plus loin

Le message Je permet d’exprimer son point de vue sans blesser. En cela, il est très utile dans les évaluations de discours. De fait, la pratique de l’évaluation permet d’entraîner cette compétence- clé utile dans bien d’autres situations.

Si vous voulez assister à ce type d’évaluation, venez participer à une de nos prochaines réunions. C’est ici.

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