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Le palais de la mémoire

La mémoire est précieuse à l’orateur. Le palais de la mémoire est un outil de choix pour l’optimiser.

Beaucoup de mes idées de discours me viennent pendant mes courses à pied dans le bois de Vincennes. Jusqu’à une époque récente, comme je ne mémorisais pas ces idées, elles étaient perdues pour toujours. Le palais de la mémoire a résolu ce problème. Je peux désormais emmagasiner toutes les idées qui me viennent à l’esprit. Dans ce billet, après un aperçu historique de cette méthode presqu’aussi vieille que la rhétorique, nous découvrirons une approche pratique pour construire et utiliser son palais de la mémoire.

UNE PRATIQUE QUI REMONTE A L’ANTIQUITÉ

L’origine du palais de la mémoire, encore appelée méthode des loci ou des lieux remonte l’Antiquité grecque. Elle se base sur le souvenir de lieux déjà bien connus, auxquels on associe, par divers moyens, les éléments nouveaux que l’on souhaite mémoriser. Attribuée à tort à Cicéron, cette méthode aurait été découverte par un Grec, Simonide de Céos, quand il fut amené à identifier le corps de ses amis décimés par un tremblement de terre. Cet art fut ensuite pratiqué par les premiers moines et devint la principale méthode de lecture de la Bible. Il a donné naissance aux expressions comme “En premier lieu,…en second lieu”.

Il existe plusieurs variantes de cette méthode, qu’on peut résumer en cinq étapes :

ÉTAPE 1 : CHOISIR LE PALAIS

Il faut choisir un lieu suffisamment familier pour être visualisé en fermant les yeux. Les prêtes juifs avaient l’habitude d’utiliser la description dans la Bible de lieux saints comme le temple de Salomon ou le Tabernacle. Si, comme Carlos Ghosn, vous êtes un peu snob, vous choisirez le château de Versailles. Plus prosaïquement, votre propre habitation fera parfaitement l’affaire, même si c’est une coloc ! Plus le lieu est grand, plus vous pourrez ranger d’informations

ÉTAPE 2 : IDENTIFIER LES DIFFÉRENTES PIÈCES DU PALAIS

Si votre palais se trouve dans un bâtiment, vous pourriez envisager de ranger vos informations dans des pièces différentes. Ensuite, à l’intérieur de chaque pièce, vous pouvez identifier des emplacements plus petits, par exemple un tableau, des meubles ou des éléments de décoration.

ÉTAPE 3 : DÉFINIR UN PARCOURS

Vous définissez le chemin que vous allez parcourir dans votre palais. Entrez-vous par la porte d’entrée ? Quel couloir allez-vous prendre ? Dans quelles pièces vous rendez-vous ? Si vous devez vous souvenir de ces choses dans un certain ordre, suivez un chemin en particulier, autant dans votre tête que dans la réalité.

ÉTAPE 4 : DÉPOSER LES INFORMATIONS A MÉMORISER

Tout ce que vous avez à faire est de poser dans chaque emplacement du palais une information qui va activer votre mémoire et vous amener à vous souvenir des informations que vous ne voulez pas oublier. Par exemple, si vous essayez de vous souvenir d’un bateau, vous pouvez visualiser une ancre sur votre canapé. Si ce bateau est le Titanic, vous pouvez imaginer un iceberg à côté de l’ancre. Les images que vous choisissez doivent être faciles à retenir. En général, vous aurez plus de facilité à vous les rappeler si elles sortent de l’ordinaire. Ou si elles ont un lien avec une émotion forte ou une expérience personnelle. Optez pour des images saugrenues, voire obscènes. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’Église était réticente à employer cette méthode.

ÉTAPE 5 : EXPLORER VOTRE PALAIS

Passer un quart d’heure par jour à explorer votre palais. Plus vous vous y promenez et plus vous y passez du temps, plus il vous sera facile de vous souvenir des informations que vous y rangez. Votre exercice de visualisation doit vous sembler très facile et naturel.

DES RÉSULTATS PRODIGIEUX

Ce processus donne des résultats impressionnants. Le recordman du monde de la mémorisation de cartes est capable de retenir l’ordre d’un jeu de 52 cartes en 20“, c’est-à-dire moins de 3/10 de seconde par carte ! Un autre champion a été capable de mémoriser une séquence de 1.040 chiffres en une demi-heure avec 300 points d’arrêt dans son palais de la mémoire.

Pour ma part, j’utilise régulièrement cette méthode pour retenir les idées qui me viennent n’importe quand. Je range les informations dans chacune des pièces de mon logement en essayant de trouver une image frappante. Hier, par exemple, je devais me rappeler de regarder les horaires et les prix d’un vol vers la Guyane que je dois effectuer cet automne. L’image était celle d’un papillon, pour évoquer le fameux bagnard de l’Île du Diable, Henri Charrière, posé sur une maquette d’avion dans le couloir de l’entrée. J’ai la chance d’habiter une grande habitation. Mon record personnel, certes modeste, est de 20 éléments différents !

POUR ALLER PLUS LOIN

En conclusion, cette méthode est très utile à l’ orateur, que ce soit pour retenir un discours (les images correspondent aux différentes parties du discours) ou pour faire une évaluation sans note. Et pour se souvenir de nous rendre visite pour une prochaine réunion.

 

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Je suis nul en improvisation, mais je me soigne

 Voici les clés pour surmonter l’appréhension devant cet exercice très formateur.

L’improvisation est l’un des trois piliers d’une réunion Toastmasters à côté des discours préparés et des évaluations. Comment survivre à cette épreuve qu’appréhendent souvent les membres, même les plus expérimentés ? Notre collègue Odile a donné il y a quelque temps une formation sur ce sujet.

IMPROVISER : UNE COMPÉTENCE CLÉ DANS LA VIE DE TOUS LES JOURS

Les situations d’improvisation sont nombreuses dans la vie quotidienne. Il peut s’agir d’un entretien d’embauche, d’une objection venant d’un client ou d’un face à face avec des gens que l’on ne connaît pas. Même en situation de prise de parole en public, alors qu’on a préparé son discours, savoir improviser permet de s’en sortir si la mémoire trompe l’orateur. Cela libère de la tyrannie du “par cœur”.

Nos deux clubs consacrent une vingtaine de minutes à cet exercice à chaque séance. Pour cela, un membre, le meneur des improvisations, prépare à l’avance une demi-douzaine de sujets, en général des questions. Pour chacun d’eux, il invite au hasard un participant à développer sa réponse au sujet pendant une à deux minutes. Cette séance donne de l’énergie pour le reste de la réunion.

Comment bien s’y préparer ? Quatre étapes sont utiles pour réussir une bonne improvisation.

BIEN ECOUTER LE SUJET

Une bonne écoute évite de faire répéter l’interrogateur, ce qui est fortement déconseillé en concours. Pour cela, noter les sujets par écrit développe l’écoute. D’ailleurs, cela permet de se les rappeler au moment du vote de la meilleure improvisation ou pour se constituer une banque de sujets sur lesquels s’exercer en dehors des séances. En même temps, le Toastmaster peut essayer de trouver l’idée sur laquelle il pourra bâtir l’improvisation, s’il est appelé.

PRENDRE SON TEMPS

Avant de démarrer, un silence de quelques secondes permet de rassembler ses idées. Il attire l’attention du public en ajoutant une petite touche dramatique de fort bon aloi. Pour gagner encore un peu de temps lors du démarrage, parfois laborieux, il est utile d’accuser réception du sujet. Pour cela, l’improvisateur peut reformuler le sujet ou prendre un mot du sujet pour le clarifier. Cela donne également des idées pour structurer l’improvisation. Il faut à tout prix éviter de répéter le sujet mot pour mot car la paraphrase est une maladresse.

DÉMARRER SUR LA PREMIÈRE IDÉE

Dans les deux minutes d’une improvisation, l’orateur n’a pas le temps d’avoir une deuxième première idée ! Il vaut mieux développer une idée médiocre plutôt qu’espérer la visite de l’idée parfaite. Le cerveau humain est ainsi fait qu’il procède par associations d’idées : il bâtira naturellement sur cette première idée. Pour développer celle-ci, on peut chercher à répondre aux sept questions du journaliste, connues sous le sigle du QQOQCCP : Qui? Quoi? Où ? Quand ? Comment? Combien? Pourquoi?

CONCLURE

Une improvisation est avant tout un mini-discours avec une introduction, un développement et une conclusion. Cette dernière doit être percutante pour que les gens se souviennent de l’orateur. Pour bien marquer la conclusion, on peut la démarrer par un “En bref” ou un “Pour conclure”, dès que le signal rouge est indiqué par le chronométreur. A éviter absolument : les excuses, les “voilà !” et autres “merci”.

POUR ALLER PLUS LOIN

Mark Twain affirmait qu’il lui fallait “trois semaines de travail pour faire un bon discours improvisé”. Nous vous souhaitons d’être plus efficace en pratiquant ces 4 trucs.

Pourquoi ne pas découvrir une séance d’improvisation en rendant visite àl’un de nos deux clubs, pour participer gratuitement à l’une de nos réunions. Pour s’inscrire, c’est ici.

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