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93% de la communication passe par le non verbal. Vraiment ?

D’après certains, la communication en public se ferait essentiellement par le non-verbal.  En réalité, c’est (beaucoup) plus compliqué que cela.


« Mehrabian l’a démontré : 93% de la communication vient du non-verbal ». La simplicité de cette affirmation, entendue lors d’une formation à la parole en public, a de quoi rendre perplexe. Car, si elle est vraie, elle dévalorise le contenu d’un discours. A quoi servirait-il de préparer méticuleusement une intervention si un bon acteur lisant le bottin était plus persuasif qu’un orateur ayant travaillé des heures pour affiner son discours ? Dans cet article, nous allons voir ensemble quelle est l’importance relative du contenu d’un discours, le verbal, par rapport à la prononciation de celui-ci, ce qu’exprime le langage non-verbal.
Pour cela, nous allons examiner les expériences conduites par Mehrabian et comment il en a tiré l’affirmation précédente, puis nous aborderons des considérations plus générales sur l’importance relative du verbal par rapport au non-verbal.

LA PREMIÈRE EXPÉRIENCE DE MEHRABIAN

Albert Mehrabian, un psychologue américain, a mené, en 1967, deux expériences sur la communication. Elles visaient à évaluer l’importance relative des trois canaux qui composent la communication orale:

  • Verbal, c’est-à-dire le contenu du discours
  • Vocal, l’intonation de la voix
  • Corporel, l’expression du visage et les gestes.

La première expérience avait pour but d’évaluer l’importance relative du canal verbal par rapport au canal vocal. Pour cela, il demanda à deux femmes de prononcer chacune 9 mots différents (trois à teneur positive comme « merci », trois neutres comme “peut-être”, trois à connotation négative comme « brute »). Chaque mot était prononcé avec trois intonations différentes (une positive, une neutre, une négative). Le tout générait 27 expressions différentes (9 mots x 3 intonations). Mehrabian demanda ensuite à des auditeurs de juger, parmi ces 27 expressions, quel sentiment éprouvaient ces femmes à l’égard de la personne à qui le message était adressé. Ce sentiment était-il positif (par ex. elle l’aime) ou négatif (par ex. elle ne l’aime pas)?

Il découvrit que le jugement se formait grâce aux intonations de la voix, plutôt que grâce au contenu du message. En particulier, lorsque les canaux se contredisaient (par ex. un mot négatif prononcé avec une intonation positive), l’intonation de la voix avait la primauté. Mehrabian a observé que le ton de la voix avait 5,4 fois plus d’importance que le mot prononcé.

LA SECONDE EXPÉRIENCE

Au cours de la seconde expérience, les deux femmes ne prononçaient qu’un seul mot (le mot neutre « peut-être ») avec trois intonations différentes et trois expressions du visage différentes (positive,  neutre, négative), soit neuf possibilités. Il trouva que l’expression du visage était 1,4 fois plus importante que l’intonation de la voix pour juger du sentiment de l’oratrice. En combinant les deux études, il en déduisit les poids respectifs du contenu, de l’intonation et de l’expression du visage. Soit 7%, 38% et 55% respectivement et, donc, que 93% du jugement se formait à partir des signaux non-verbaux.

LES CRITIQUES ADRESSÉES A MEHRABIAN

Ces deux expériences on fait l’objet de nombreuses critiques.

Tout d’abord, aucune des deux n’a évalué les trois canaux de communication simultanément.

Ensuite, il s’agissait d’un type de jugement très particulier, le jugement affectif qui porte sur les sentiments: l’émetteur du message apprécie-t-il le récepteur du message? Elles n’ont pas évalué les jugements cognitifs qui s’intéressent à la signification du discours. Encore moins les jugements engendrés chez le récepteur.

Enfin, les mots étaient prononcés hors de tout contexte alors que, dans la vie réelle, ce contexte est fondamental pour juger, en particulier s’il y a d’autres informations que celles véhiculées par les trois canaux1.

Les études postérieures n’ont jamais réussi à démontrer la primauté du non-verbal sur le verbal. Ni celle de l’expression du visage sur la gestuelle. Par exemple, quand les trois canaux de communication (verbal, vocal, corporel) se contredisent, certaines études montrent que le canal négatif, verbal ou non-verbal, emporte la décision. Si je dis « je te déteste » avec une voix amicale, l’auditeur conclura que mon sentiment est négatif.

En fait, Mehrabian a essentiellement montré une banalité. Les auditeurs interprètent les sentiments de l’orateur à l’égard du récepteur à l’aide du contenu du discours, de son intonation et du langage corporel. Mais l’importance relative de ces facteurs dépend, en réalité, des circonstances.

LE PLUS IMPORTANT : VERBAL OU NON-VERBAL ?

Alors, que peut-on dire de l’importance relative des trois canaux de communication ?

Sans surprise, dans les jugements cognitifs, le canal verbal (contenu du discours) importe plus que dans les jugements affectifs. Cette importance croît avec la quantité d’information véhiculée.

Pour sa part, le canal vocal (la voix) est important pour juger  l’assurance, la sincérité et l’intensité du sentiment d’un orateur. Le canal visuel (visage et  gestes) est crucial pour juger si l’orateur est bien ou mal disposé à l’égard du récepteur. Cependant, si le canal vocal ou verbal contredit le canal visuel, celui-ci aura moins de poids.

Un cas particulièrement complexe est celui des jugements quant à la sincérité de l’orateur. Lorsque le canal verbal et les canaux non-verbaux se contredisent, l’auditeur suspecte un manque de sincérité. Le canal verbal pèse alors plus que les autres canaux. Il prend d’autant plus d’importance que son contenu est plausible et s’oppose aux intérêts de l’orateur. L’auditeur qui suspecte un manque de sincérité accordera également moins d’importance à l’expression du visage. Et davantage à la voix et au langage du corps.

Enfin, le genre, masculin ou féminin, de l’orateur et du récepteur affecte l’importance relative des canaux. Pour une femme, le public donne plus d’importance au contenu et à la voix que pour un homme. Quant à l’homme, il écoute en attachant moins d’importance au langage non-verbal qu’une femme.

POUR ALLER PLUS LOIN

Tout cela vous paraît un peu compliqué, n’est-ce pas ? Pour ma part, la leçon que j’en retiens est de veiller à la cohérence des trois canaux.

Qu’en pensez-vous ? Pourquoi n’expérimenteriez-vous-pas vous-même dans ce laboratoire de la communication qu’est la soirée Toastmasters ? Pour nous rendre visite, c’est ici.

 

Footnotes
1    Par exemple, si l’émetteur frappe l’orateur, cela sera sans doute interprété comme un signal négatif…

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Comment affûter votre prise de parole avec une bonne proposition ?

Construire son discours autour d’une proposition claire permet d’en renforcer l’efficacité

Un des bénéfices de ma longue expérience en tant que Toastmaster est d’avoir écouté près de 600 discours. Au fil du temps, j’ai constaté qu’une des erreurs les plus funestes que commettent même les orateurs chevronnés est de ne pas structurer leur prise de parole autour d’une proposition[1]. Dans ce billet, nous allons expliquer ce qu’est une proposition, à quoi elle sert et comment l’élaborer.

Qu’est-ce que la proposition d’un discours ?

Une proposition est une affirmation que l’on peut défendre, illustrer ou prouver et sur laquelle on peut argumenter. Voici quelques exemples :

  • Un homme politique: « Ce plan de relance va accroître le pouvoir d’achat de la classe moyenne ».
  • Un chef d’entreprise : « Cet investissement dans la recherche va permettre à notre entreprise de rester compétitive ».
  • Un commercial : « Ce produit va améliorer votre rentabilité ».
  • Enfin, pour une mère de famille : « Epargner maintenant te permettra d’acheter un appartement plus grand »

La proposition est la colonne vertébrale d’un discours. Sans elle, le discours est mou, sans consistance et offre finalement peu de valeur à l’auditoire. Avec une proposition claire, l’orateur présente à son public une idée que ce dernier pourra digérer, garder en mémoire et, même, en tirer bénéfice. Elle renforce la cohérence du discours et le rend plus facile à mémoriser également pour l’orateur.

Les trois tests d’une bonne proposition

Le coach de parole en public Joel Schwartzberg explique dans son livre “Get to the Point” comment formuler concrètement une bonne proposition. Elle doit satisfaire trois tests.

Tout d’abord, elle doit être une proposition au sens grammatical, c’est-à-dire comporter un sujet un verbe et un complément Ainsi “le rôle de la Révolution Française dans l’émergence de la démocratie” n’est pas une proposition, puisqu’il lui manque un verbe. En revanche “la Révolution Française a joué un rôle déterminant dans l’émergence de la démocratie dans ce pays” est une proposition grammaticalement correcte.

Ensuite, la proposition ne doit être ni une évidence, ni une banalité. Si on ne peut pas soutenir la proposition inverse, alors c’est probablement une évidence. Si on ne peut pas consacrer plus d’une minute pour la défendre, il s’agit sans doute d’une banalité. Ainsi, la proposition “La paix dans le monde est une bonne chose” est une banalité, tandis que “Les Nations Unies jouent un rôle crucial pour préserver la paix dans le monde” va permettre d’élaborer en répondant à des questions comme : quelles sont les missions des Nations Unies ? ou bien quelles sont les guerres où elles ont joué un rôle ?

Même si une proposition a passé avec succès les deux tests précédents, elle restera pauvre, si elle comporte des mots faibles, peu évocateurs, comme “important”, “bien”, “super”, “génial”, etc. Pour la renforcer, se poser la question “Pourquoi ?” est utile. Par exemple, la proposition “Recruter un manager de communautés de réseau social est important” est faible. Pourquoi est-ce important de recruter un tel manager ? Parce qu’il peut aider à créer un buzz positif autour de la marque. L’idéal est encore d’éviter totalement les adjectifs.

Pour aller plus loin

En conclusion, la prochaine fois que vous prendrez la parole pour exprimer une idée, ne vous contentez plus de la décrire ou de la discuter. Adoptez un point de vue, marquez un point et musclez votre parole par une bonne proposition.

Envie d’écouter des discours avec de bonnes propositions ? Venez donc nous rendre visite ici.

[1] Proposition est la traduction du mot anglais “point”

 

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Un discours humoristique aux rayons X

Ajoutez de l’humour dans vos prises de parole !

Faire rire dans un discours constitue un Graal pour tout orateur qui se respecte. Pour honorer l’humour, Toastmasters organisait régulièrement, jusqu’à il y a quelques années, des concours de discours humoristiques. J’ai eu la chance de remporter l’un d’eux. Certains de mes collègues Toastmasters m’ont alors demandé quelle était ma « recette » pour ce succès. Comme le discours avait été enregistré (merci à Robert !), je me suis livré à une analyse du discours pour en comprendre les ressorts.

Je vous conseille de regarder cette vidéo une première fois, puis de parcourir l’article en la visionnant, en parallèle, une seconde fois. Le texte du discours est en italique et mes commentaires en police normale.

UNE INTRODUCTION MARQUANTE ET UNE PROPOSITION

« Eh bien, vous n’avez pas de quoi être fiers! 3 points sur le DCP du club cette année, mais c’est le Titanic. Et toi là-bas, oui toi Stéphane, ton dernier discours, c’était il y 5 ans ! Ecoute-moi bien, c’est simple : Soit tu accélères cette année, soit tu te trouves un autre club. »

Un discours humoristique est d’abord un discours, avant d’être humoristique. Il doit en particulier démarrer par une introduction qui attire l’attention et établir la connexion avec le public. Ici, le discours démarre par une saynète. Elle présente l’avantage de capter immédiatement l’attention grâce à la gestuelle et la voix. En outre, avec les mots-clé “DCP du club”, le public, constitué d’une centaine de membres de clubs Toastmasters, comprend qu’ils se trouvent en terrain connu : l’environnement Toastmasters va servir de toile de fond au discours.

Chers amis Toastmasters, c’est dans cette atmosphère bienveillante qu’a commencé le mandat de notre nouveau président. Qu’auriez-vous fait à ma place ?  Eh bien, si j’ai sauvé ma peau, je le dois, eh bien, je le dois à la langue de bois.

Un bon discours exprime également une “proposition” (ce sera le sujet d’un prochain article), par exemple une solution répondant à un problème. Ici, le problème est celui que connaissent de nombreux Toastmasters : le vertige de la page blanche. La proposition, fantaisiste, pourrait se formuler ainsi : “La langue de bois m’a permis d’écrire des discours plus facilement”.

Une petite remarque sarcastique sur la bienveillance chère à Toastmasters émaille le propos, tirée du constat que certains membres ont un peu perdu de vue cette qualité. La dernière phrase rime pour mettre en valeur la langue de bois, le véritable sujet du discours.

AU CŒUR DU DISCOURS…

C’est ma marraine qui m’a donné la solution. « Stéphane », me dit-elle, « tu veux écrire des discours vite et bien? L’homme qu’il te faut s’appelle Franck Lepage. Va le voir de ma part. » Vous le savez peut-être, Franck Lepage anime des séminaires de décryptage de la langue de bois à l’usage des syndicats.

Cette section de transition est destinée à installer le dispositif au cœur du discours. Elle mériterait d’être raccourcie car il ne se passe pratiquement rien d’humoristique pendant près d’une minute. Au passage, je rends hommage à l’auteur du sketch que j’ai adapté pour le discours (voir plus bas pour les détails). Rien, en effet, n’interdit de réutiliser des traits d’esprit venus d’ailleurs, à condition de rendre à César ce qui lui appartient (n’est-ce pas Gad ?).

Pour lui, le principe fondamental de la langue de bois consiste à diminuer le nombre de mots que vous utilisez. Moins de mots, c’est moins de tentations de réfléchir. Du coup, les discours sont plus faciles à écrire, plus faciles à prononcer, et plus faciles à écouter.

La gestuelle anime un peu le passage, avec une pincée d’ironie orwélienne. La “règle des trois”, par laquelle l’orateur juxtapose trois groupes de mots (cf. Churchill : “je vous promets du sang, de la sueur et des larmes”), donne du rythme et facilite la mémorisation. Les humoristes professionnels l’emploient souvent en créant un effet de surprise avec le troisième terme qui rompt avec les deux premiers termes, plus factuels. La répétition de “plus faciles” donne un aspect d’anaphore à la phrase.

…UN DISPOSITIF WAOU

Pour m’entrainer, Franck m’apprend à jouer au PipoSpeak. Voilà comment ça marche, vous prenez 8 mots qui ne veulent absolument rien dire, mais qui donnent l’impression de dire quelque chose. Vous mélangez bien…et c’est parti.

Les cartes tirées de la poche créent un petit effet de surprise. Le sketch de Franck Lepage m’a donné l’idée du discours. Franck est un activiste qui anime des séminaires pour décrypter la langue de bois. Convaincu du potentiel de ce sketch, je me suis demandé comment l’injecter dans un discours de concours. Naturellement, la parole en public s’est imposée pour établir la connexion avec l’auditoire. J’appelle cela le “dispositif Waou” du discours pour le rendre mémorable. De fait, des années après, certains témoins du concours me parlent encore de ce passage.

Je donne l’impression que n’importe quel mot, tiré au hasard, permet de bâtir un discours. La mise au point de la manipulation m’a demandé beaucoup de temps. En fait, j’ai conçu une série de phrases qui pouvaient s’enchaîner quel que soit le mot sorti du tirage. Puis j’ai appris ces phrases par cœur en veillant à ce que cette partie ne dépasse pas 1’30 », soit un cinquième du discours. Au deuxième passage, le public saisit tout le comique de la situation.

A la fin, les applaudissements retentissent, flattant l’ego de l’orateur. J’aurais dû les laisser se poursuivre, mais j’étais pressé par le temps et le risque de déborder du temps maximum. Au final, le discours dure 7’15”, donc pas très loin de la limite autorisée de 7’30”.

TENIR LA DISTANCE…

Après le séminaire de Franck, tout est allé très vite. Grâce à moi, mon filleul a pu écrire les 275 discours déjà programmés dans les 10 clubs où il est inscrit.

Pour pratiquer la parole en public, un Toastmasters est amené à prononcer plusieurs discours. Je fais ici allusion à certains d’entre eux, que la quantité obsède plutôt que la qualité.

Puis, avec mon aide, l’équipe pédagogique de Toastmasters a réussi à compacter les 120 volumes de la méthode en une feuille recto-verso.

Le comique vient de l’exagération du nombre de volumes de la méthode Toastmasters. Le langage corporel est capital pour déclencher les rires.

Plus récemment, le président Poutine m’a décoré de l’ordre de Saint-Vladimir pour lui avoir écrit un discours de 3h face à des Ukrainiens pro-russes avec deux mots : « agression » et « sécurité ».

La progression dans les exemples signale que cette approche absurde m’a permis d’acquérir de plus en plus de visibilité. Là encore, la gestuelle est très importante.

…EN RELANÇANT LA DRAMATURGIE

Mais, cette fois-ci, j’étais allé trop loin: le châtiment ne s’est pas fait attendre.

Un bon discours doit soutenir l’attention de l’auditoire jusqu’au bout. Et 7 minutes, c’est long, surtout quand on veut faire rire…Cette phrase de transition relance la « dramaturgie » en installant un suspense.

C’est par un beau dimanche matin que, me promenant non loin de l’Eglise Saint-Eloi, une lumière tombant du ciel soudain m’enveloppe de sa clarté. Je tombe à terre alors qu’une voix forte retentit :

« Stéphane, qu’as-tu fait ?

Le jeu de scène est un peu maladroit. Je me demande si les gens comprennent bien qu’il s’agit de Dieu.

Par ta faute, voilà maintenant que les hommes utilisent la parole pour tromper, pour masquer, pour escamoter.

Là encore, j’utilise la règle des trois.

Tout le monde est sur mon dos pour changer la Bible. Les ligues LGBT accusent Adam et Eve de faire l’apologie du couple hétérosexuel.

Avec le recul, je remarque qu’Il y a, dans ce trait d’esprit et le suivant, un glissement dans le thème du discours : de la langue de bois, où les mots sonnent creux, vers le langage politiquement correct. Or, les deux notions ne sont pas interchangeables. Ainsi, on peut parler politiquement correct sans employer de langue de bois. J’ai privilégié ici l’humour plus que la cohérence du discours et, finalement, cela s’est bien passé.

De son côté, Noé me reproche d’ignorer la directive intra-communautaire sur les espèces animales en danger. Et même Moïse commence à me les briser menues pour rectifier le dernier commandement : « le 7ème jour tu te reposeras », depuis que Macron l’a déclaré illégal.

Il s’agit d’un clin d’œil à l’actualité de 2015 avec l’adoption de la loi Macron libérant le travail du dimanche.

Va, débarrasse-moi de cette foutue langue de bois. Et si tu réussis, je ferai peut-être quelque chose pour ton certificat de Leader Compétent »

Je glisse une allusion à un « grade » dans le parcours Toastmasters, celui de Leader Compétent, pas particulièrement difficile à atteindre mais que peu de membres reçoivent. L’intervention de Dieu n’est pas inutile.

VERS LA CHUTE

Pour plaire à Dieu, j’ai donc créé le club des NoPipoMasters. Bien sûr, les règles ont été légèrement adaptées.

Reprendre les cartes du jeu de tout à l’heure permet de préparer la chute en fin de discours.

Le grammairien présente maintenant le mot-pipeau du jour, celui à ne PAS utiliser dans les discours. Le Compteur des Gaffes dénombre les mots-pipeaux: évidemment, son rôle occupe les trois-quarts de la séance. Enfin, depuis qu’un orateur s’est ouvert les veines après l’évaluation sans langue de bois de son Briser la Glace, les couteaux lors de la pause gustative sont désormais interdits.

Ici, ces trois traits d’esprit se moquent gentiment des rôles d’une réunion Toastmasters. Il était important de marquer le PAS pour la négation.

Mes chers amis Toastmasters, je vous invite donc à rejoindre sans plus tarder les NoPipoMasters, pour retrouver votre sincérité et mettre à bas la langue de bois

La posture théâtrale et l’utilisation des pauses permettent une conclusion réussie du discours, que ne vient pas gâcher la rime de la fin de la phrase. Il est très important de finir un discours par une chute dont les auditeurs se souviendront.

LA RECETTE DU DISCOURS HILARANT

En définitive, existe-t-il une recette pour les discours humoristiques ? Je ne le pense pas. Néanmoins, il me semble que cinq principes directeurs peuvent guider les orateurs qui veulent se lancer :

  • Structurer la prise de parole comme un discours normal avec un message, une introduction, un développement et une conclusion
  • Soutenir l’attention de l’auditeur. Pour cela, raconter une histoire avec des rebondissements est très utile
  • S’inspirer de ce qui nous fait rire, en notant les situations de la vie quotidienne qui pourraient éventuellement servir dans un discours
  • Utiliser l’auto-dérision. Qu’on le veuille ou non, le rire prend sa source dans la moquerie. En se prenant lui-même comme cible de cette moquerie, l’orateur évite l’écueil de la condescendance
  • Travailler le style et le rythme, en particulier pour souligner les “punchlines”.

En définitive, chaque discours humoristique est une expérience unique. Et s’il est réussi, c’est souvent par miracle (merci Dieu !).

POUR ALLER PLUS LOIN

J’espère avoir donné envie à nos lecteurs de se porter candidat aux concours que nous organisons régulièrement. Pour découvrir nos réunions, venez donc assister à l’une de nos prochaines séances. C’est ici.

 

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Les enseignements des grands orateurs de l’Histoire : Démosthène

En dépit des 24 siècles qui nous séparent de Démosthène, celui-ci reste un modèle pour les orateurs d’aujourd’hui.

Cet article inaugure une série de portraits consacrés aux grands orateurs de l’Histoire. Quels furent leurs faits d’arme, et quelle pertinence leur exemple conserve-t-il pour l’éloquence moderne ?

A tout seigneur, tout honneur, nous commençons par Démosthène, l’un des plus grands orateurs de l’Antiquité. Nietzsche, grand connaisseur de l’art oratoire antique, admirait son talent. Clémenceau, le Tigre de la Grande Guerre, lui consacra un ouvrage et voyait en ce défenseur acharné de la liberté un idéal dans la lutte qu’il mena lui-même contre Guillaume II.

DÉFENSEUR ET MARTYR DE LA LIBERTÉ

Démosthène naquit en 384 av. J.-C. à Athènes. Enfant solitaire, orphelin de père à sept ans et élevé principalement par des femmes, il se réfugiait volontiers dans la lecture de livres d’histoire et des grands discours du passé. Comme bon nombre de jeunes Athéniens de familles aisées, il bénéficia de l’enseignement de Platon.

Sa faible constitution l’ayant détourné de la chose militaire, il choisit l’art oratoire pour gagner sa vie. A cette époque, l’éloquence était en effet primordiale pour convaincre des juges qui n’étaient pas des professionnels. Les bons orateurs exerçaient alors le métier d’avocat. Sa première plaidoirie lui permit de recouvrer son héritage, détourné par ses propres tuteurs.

Il vola ensuite de succès en succès. Il est resté dans l’Histoire comme celui qui exhorta le peuple grec à faire face aux visées expansionnistes de la Macédoine, au travers des fameuses Philippiques. Bien qu’il survécût à ses ennemis Philippe II et son fils, Alexandre le Grand, il dut s’enfuir sur l’île de Paros où, poursuivi par des tueurs à solde du tyran macédonien, il finit par se suicider.

POURQUOI EST-IL TOUJOURS D’ACTUALITÉ ?

Démosthène reste encore actuel de nos jours pour trois raisons.

Il était tout d’abord expert pour adapter son style à l’auditoire. Pour convaincre les juges athéniens non-professionnels, souvent gens du peuple, Démosthène employait des mots simples issus de la vie quotidienne. De même, il utilisait souvent le langage de l’action, en particulier des infinitifs substantivés (comme le parler). Il utilisait également de nombreuses métaphores pour imager son propos. Même la structure de ses phrases était simple : une proposition principale pour donner l’idée essentielle et des subordonnées pour les détails.

Par ailleurs, Démosthène incarne l’orateur nourri de passion. Son engagement de défendre la liberté d’Athènes face aux visées macédoniennes était entier, presqu’exalté. Pour communiquer cette passion, il savait varier son style, tantôt familier, tantôt solennel, tantôt jouant sur les sentiments, tantôt calme et posé. Il n’hésitait pas, au passage, à provoquer son public, l’invectivant ou l’apostrophant tour à tour. Il utilisait aussi pleinement le langage corporel, ce qu’Aristote, son contemporain, lui reprochait, car préférant une éloquence sobre et rationnelle.

Enfin, il fut l’un des premiers adeptes de la pratique délibérée, cette technique d’amélioration systématique. Par exemple, pour pallier un défaut d’élocution – on le surnommait le bègue – il se contraignait à parler avec un caillou dans la bouche, face à la mer, pour projeter sa voix au-dessus du vacarme des vagues. Souffrant de difficultés respiratoires, il gravissait les collines d’Athènes en déclamant ses discours jusqu’à ce qu’il ne soit plus essoufflé. Grâce à cet entraînement sportif, il était capable de s’adresser sans difficulté à des assemblées de juges qui, parfois, comptaient plusieurs centaines de personnes.

POUR ALLER PLUS LOIN

Certes, Démosthène n’empêcha pas la conquête d’Athènes par Philippe de Macédoine. Mais, comme l’a écrit Clemenceau, « …Sans Démosthène, la Grèce eût succombé avec l’air morose et affligeant ». En compagnie de Cicéron, de Boileau et de Nietzsche, il est temps de se remémorer les enseignements du grand orateur.

Démosthène en herbe, vous rêvez de vous améliorer en éloquence ? Venez donc assister à une de nos prochaines séances : c’est ici.

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Caresser le serpent ou comment se développe la confiance en soi

Les travaux  sur la confiance en soi de l’un des plus grands psychologues de notre temps éclairent la méthode Toastmasters

Derrière le miroir sans tain, Robert observe avec effroi le python royal. Les reptiles, c’est sa terreur depuis l’enfance ; ils lui donnent des cauchemars toutes les nuits. Pourtant, dans quelques heures, Robert va prendre le serpent sur ses genoux et le caresser.

Albert Bandura, le psychologue de la confiance en soi

L’homme derrière ce traitement s’appelle Albert Bandura. C’est le psychologue vivant (il a maintenant 95 ans) le plus cité dans la littérature scientifique. Et un parfait inconnu du grand public. Il a étudié beaucoup de choses en psychologie et, en particulier, la confiance en soi. Pour traiter des gens comme Robert, il a inventé un processus par étapes extrêmement efficace. Il a commencé par mettre ces personnes derrière un miroir sans tain pour qu’elles observent le serpent qui se trouvait derrière, jusqu’à ce qu’elles soient à l’aise. Puis, par une série de petits pas, il les a amenés à se déplacer dans l’encadrement de la porte pour regarder à l’intérieur de la pièce. Jusqu’à ce qu’elles soient de nouveau à l’aise. Et puis, bien des étapes plus tard, de toutes petites étapes, elles se sont retrouvées dans la pièce et elles ont fini par toucher le serpent.

Bandura a démontré que faire vivre à ces gens des expériences progressives de succès leur donnait confiance en leur propres capacités, comme ici affronter la peur irrationnelle des reptiles. Ainsi, ils parvenaient à changer leurs habitudes, même celles profondément ancrées dans des traumatismes anciens. Bandura a légué à l’humanité deux principes sur la confiance en soi. Le premier est que, quand les gens ont confiance en leurs compétences, ils réussissent mieux dans ce qu’ils entreprennent, ils sont plus persévérants et plus résistants face à l’échec. Le deuxième est que la confiance en soi n’est pas innée, mais qu’elle se fortifie comme un muscle. Sa méthode pour la renforcer, il l’a baptisée la maîtrise guidée.

La maîtrise guidée : une approche délibérée pour augmenter la confiance en soi

La maîtrise guidée fait appel à trois techniques principales :

  • L’expérimentation du succès par soi-même en effectuant des tâches à la difficulté graduellement accrue. Ainsi, dans l’exemple de tout à l’heure, Robert enlève d’abord son masque et ses gants, puis va dans la même pièce que le serpent, puis s’asseoit à côté du serpent, et finalement le touche
  • L’imitation de modèles qui démontrent les comportements appropriés. Dans l’exemple, Robert observe le moniteur, un acteur en fait, dans son maniement du serpent
  • La persuasion sociale par les réactions que suscitent les tentatives de la personne. Ainsi, Robert reçoit les encouragements du moniteur chaque fois qu’il fait un pas dans la bonne direction.
La méthode Toastmasters comme mise en œuvre de la maîtrise guidée

La méthode Toastmasters applique chacune de ces techniques de la maîtrise guidée. Ainsi, un nouveau membre se livre à des activités de communication de plus en plus complexes (graduation des difficultés). Dès son arrivée au club, il prend la parole par exemple en tant que maître du temps, pour rendre compte de la durée des interventions orales et ou bien en tant que compteur des hésitations de ses collègues orateurs. Il enchaîne ensuite avec des prises de parole plus complexes, en prononçant des discours préparés ou en animant des réunions. L’observation de membres plus expérimentés lui permet de constater in vivo l’efficacité des pratiques et l’incite à les tester lui-même (imitation de modèles). Enfin, les évaluations qu’il reçoit du groupe permettent de renforcer la confiance en ses propres capacités (persuasion sociale).

Pour aller plus loin

Vous aussi, venez participer à l’une de nos soirées en vous inscrivant ici. Vous vous rendrez compte, dans une ambiance conviviale, de la puissance de la méthode et vous guérir de votre appréhension en osant, vous aussi, caresser le serpent.

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Comment s’entraîner au débat avec la méthode Toastmasters?

La méthode Toastmasters s’adapte parfaitement à la pratique du débat

Nous avons eu l’occasion d’évoquer précédemment la participation de notre collègue et ami Alain au Grand Oral de France Télévisions. Après avoir franchi brillamment le premier tour de cette finale, il s’est opposé à Bill, le futur vainqueur du concours au cours d’un débat. Nous nous sommes alors demandé à cette occasion comment Toastmasters pourrait entraîner les membres de l’association. Pour devenir, comme Alain, de futurs candidats du Grand Oral, prêts à cet art du débat.

LE DÉBAT ENTRAINE PLUSIEURS COMPÉTENCES DE COMMUNICATION

Savoir débattre est une expertise qui revêt plusieurs compétences. Outre la prise de parole face à un public, l’orateur doit persuader. Pour cela, il effectue des recherches sur une problématique donnée et agence ses arguments pour défendre une thèse. Comme il peut défendre une motion sans la partager, il se met à la place d’un opposant. Dans cet article, nous allons expliquer comment introduire la pratique du débat dans une réunion Toastmasters. Nous allons montrer que le débat, comme combinaison de discours préparés et impromptus, a parfaitement sa place dans une réunion Toastmasters.

Il se trouve que les Zuriberg Toastmasters, un club suisse, ont élaboré un guide sur la manière d’organiser un débat au cours d’une réunion. Le format adopté est celui des débats du parlement britannique, pratiqués par les étudiants de nombreuses universités dans le monde. C’est aussi le modèle du championnat du monde de débat.

LE DÉBAT DANS UNE RÉUNION TOASTMASTERS

Dans une réunion Toastmasters, le débat a lieu entre deux équipes de deux personnes chacune. L’une (équipe POUR) soutient la motion choisie tandis que l’autre (équipe CONTRE) s’y oppose. Un président anime le débat et en fait respecter les règles. Un chronométreur fait respecter le temps imparti aux orateurs. Enfin, un participant évalue la qualité du débat, en particulier les arguments présentés, la capacité à improviser et le langage non verbal des débatteurs.

UN DÉBAT EN 30 MINUTES CHRONO!

Le débat se déroule selon la séquence suivante qui dure 30 minutes :

  • Le président ouvre le débat en rappelant les règles et en présentant les orateurs et la motion à débattre (durée 3 min)
  • Le premier orateur de l’équipe POUR prononce un discours, préparé à l’avance, pour défendre cette motion (5 min)
  • Le premier orateur de l’équipe CONTRE prononce un discours, préparé à l’avance également, mais qu’il aura enrichi des notes prises pendant l’intervention précédente, pour s’opposer à la motion (5 min)
  • Le second orateur de l’équipe POUR réfute le discours précédent en se servant de notes préparées à l’avance, mais dont l’essentiel est écrit pendant le discours de l’opposant (2 min 30 sec)
  • Le second orateur de l’équipe CONTRE réfute les arguments de l’équipe POUR (2 min 30 sec)
  • Le public pose des questions aux débatteurs sous le contrôle du président de débat (3 min)
  • Le premier orateur de l’équipe POUR résume la position en faveur de la motion (1 min)
  • Le second orateur de l’équipe CONTRE résume la position opposée à la motion (1 min)
  • Le président clôt les débats et procède au vote du public pour désigner l’équipe la plus convaincante (2 min)
  • Les évaluateurs rendent compte de leurs observations (3 min 30 sec)

Sur le plan du parcours Toastmasters, les deux premiers orateurs de chaque équipe pourront valider leurs discours. La condition est de bénéficier d’une évaluation d’un autre Toastmaster qui remplira la feuille d’évaluation du discours. Si le programme le permet, ces évaluateurs peuvent également présenter leur rapport oralement, comme une évaluation normale.

UNE VARIÉTÉ INFINIE DE DÉBATS

A partir de cette matrice standard, il est possible d’expérimenter une infinité de variations. Par exemple, au lieu de préparer à l’avance les deux premiers discours, les deux équipes prennent connaissance, au début de la réunion, de la motion à débattre et quel côté, pour ou contre, ils vont défendre. Ils disposent alors de dix minutes pour préparer leurs interventions. Ou alors, à la place d’équipes de deux personnes, un seul orateur défend ou s’oppose à la motion.

On peut aussi injecter de l’interaction avec la partie adverse pendant chaque discours en introduisant des “points d’information”. Ceux-ci sont des occasions pour l’autre équipe d’affaiblir le discours de l’orateur en soulignant ses fautes de logique, ses contradictions ou son manque de preuves. Pour cela, l’équipe adverse demande un point d’information pendant le discours de l’orateur qui, s’il peut en théorie le refuser, en accepte, en général, un ou deux pendant son discours.

POUR ALLER PLUS LOIN

En résumé, le débat a toute sa place dans la méthode Toastmasters et constitue une excellente pratique des compétences cultivées par la formation, comme la persuasion, l’inspiration, l’écoute et le respect de l’autre. Nous ne manquerons pas d’organiser quelques réunions autour du débat dans l’année. Une occasion supplémentaire de nous rendre visite  !

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Évaluer un discours, mode d’emploi 

Toastmasters : évaluation de discoursPour aider les jeunes membres Toastmasters à être plus à l’aise avec l’évaluation de discours, cet article va tenter de démythifier cet exercice. En trois points :

  • Pourquoi évalue-t-on des discours chez Toastmasters ?
  • Comment se déroule une évaluation ?
  • Les éléments sur lesquels vous devez porter votre attention lors d’un discours.

Pourquoi évalue-t-on des discours ?

L’évaluation constitue l’exercice d’apprentissage le plus important de la méthode. Il permet de développer son attention et de s’entraîner à exprimer un point de vue devant un auditoire. C’est un exercice qui nous entraîne à être positif, constructif tout en faisant progresser les autres.  

Mais faire progresser les autres, comment cela se traduit-il ?   

  • Vous allez lui proposer des axes d’amélioration à l’orateur ; 
  • Vous augmentez la confiance de l’orateur, en évoquant ses points forts. Parler de confiance de soi n’est pas exagéré. Les commentaires positifs contribuent à la construction d’un cercle vertueux : ils encouragent l’épanouissement personnel, l’épanouissement personnel entretient la confiance en soi, une meilleure confiance en soi alimente l’épanouissement personnel. 

Un dernier point. Lorsque vous évaluez, vous exprimez vos impressions personnelles par rapport aux efforts livrés par l’orateur, à ses points forts, ses points à améliorer. Il y a une part subjective dans une évaluation, et c’est tout à fait normal.  Vous exprimez un point de vue. Vous n’avez donc pas de complexe à avoir si votre opinion diffère de celle d’un autre membre, expérimenté ou pas. 

Passons au déroulement de l’évaluation 

Une évaluation ne s’improvise pas, elle se prépare. Elle se prépare même en plusieurs étapes. 

Avant la réunion, vous contactez l’orateur :

  • Pour lui demander la fiche d’évaluation de son projet. Vous aurez ainsi accès aux objectifs du discours 
  • Pour lui demander sur quels points d’amélioration il souhaite que vous portiez votre attention 

Durant le discours,

  • Écoutez et observez attentivement, avec intérêt, quel que soit le sujet abordé. Ne laissez pas votre esprit vagabonder 
  • Il est conseillé évidemment de prendre des notes. Vous pouvez très bien prendre une feuille de papier et la diviser en deux colonnes. La première, consacrée aux points forts, la seconde aux axes d’amélioration.  

Vient ensuite l’évaluation

L’évaluation est un mini-discours. Elle doit être structurée : introduction, corps, conclusion. 

Dans l’introduction, commencez par une « phrase choc », dans laquelle vous dites tout le bien que vous pensez du discours. Puis vous rappelez les objectifs du discours.

Dans le corps de l’évaluation, vous vous appuyez sur vos notes. Mais attention, vous n’aurez pas le temps de tout dire. Concentrez-vous sur 2/3 points forts, et 1 ou 2 pistes d’amélioration. Concentrez-vous sur l’essentiel.  

En termes de plan, vous pouvez partir sur du classique : points forts, points à améliorer. Ou utiliser la méthode dite sandwich :  

  • Vous livrez une couche de points positifs 
  • Puis une suggestion d’amélioration 
  • Puis de nouveau un point positif 

En tout état de cause, quelle que soit la méthode, il y a une règle d’or : soyez sincère. Une chose vous a plu ? Dites-le à l’orateur. Une chose vous a déplu ? Dites-le lui également. Donnez-en les raisonsLa brosse à reluire n’est positive ni pour l’orateur, ni pour l’évaluateur.  

Lors de l’évaluation, il y a un principe : l’ORATEUR NE RÉPOND PAS A L’ÉVALUATEUR. Deux raisons à cela :

  • Pour ne pas alourdir la réunion
  • L’orateur se concentre sur ce que dit l’évaluateur. 

Quant à la conclusion de l’évaluation, vous devez donner envie à l’orateur de continuer. Les derniers mots serviront à l’encourager, à le galvaniser, à lui donner confiance. Et donc à l’inciter à se lancer dans un prochain discours. 

À l’issue de la réunion

Vous remettez la fiche d’évaluation à l’orateur et lui demandez s’il souhaite en discuter avec vous. Assurez-vous qu’il a bien compris vos propos.  

Les critères d’évaluation 

Vous évaluez un discours selon plusieurs critères :  

  • La préparation, c’est-à-dire tout le travail de recherche, d’organisation  
  • La valeur du discours. Est-il original, intéressant, pertinent ?  
  • Les objectifs du projet. L’orateur a-t-il répondu aux objectifs demandés ? 
  • L’introductionCapte-t-elle l’attentionPrésente-t-elle le sujet ? 
  • Le corps du discours. L’enchaînement des idées était-il logique ? Les arguments étaient-ils appuyés par des exemples ? Les transitions étaient-elles naturelles, faciles à suivre ? 
  • La conclusion. Est-elle efficace ?
  • La voix. Vous devrez être attentif au volume, à la variété, la prononciation, le débit…  
  • Le langage. Est-il adapté au sujet et à l’auditoire ? 
  • La tenue vestimentaire – hé oui, cela compte. Est-elle adaptée à l’occasion et à l’auditoire ?  
  • Le style. L’orateur est-il sûr de lui, assuré, sincère, enthousiaste ?
  • Les mouvements du corps. La gestuelle est-elle précise ? Est-elle adaptée ? 

Avant de conclure, il y a un point que je voudrais évoquer : le poids des mots. Les mots ont un sens. Vous devrez faire preuve d’empathie, de tact, d’humilité. Et donc employer des mots avec minutie. Voici quelques conseils :  

  • Personnaliser votre évaluation. Vous ne parlez pas au nom du club et de ses membres, mais en votre propre nom. Les membres peuvent très bien avoir une opinion différente de la vôtre. Dit autrement, n’employez pas le « nous » ou des formules neutres ou impersonnelles du type l’auditoire, les membres ou il faut. Au contraire, abusez du je…  Soyez « égocentrique » ;
  • Dans le même ordre d’idées, employez des mots qui expriment vos impressions personnelles : je te suggère, j’ai senti que, il m’a semblé que… ;
  • Assumer vos remarques. Vous avez un point de vue, ne le dévalorisez pas ;
  • Ne répétez pas les mêmes remarques durant l’évaluation. Cela pourrait être mal interprété par l’orateur. Vous dites une fois une remarque, cela suffit ;
  • Évitez les formulations catégoriques du type un bon leader ne fait jamais ou tu n’aurais pas dû dire ;
  • Évitez également les banalités, concentrez-vous sur l’aide que vous apportez à l’orateur.  
  • Durant toute l’évaluation, un point important. Gardez le sourire 🙂 

 

 

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La créativité au service de l’art oratoire

La créativité est fort utile à l’orateur dans toutes les phases de l’élaboration d’un discours. La bonne nouvelle est que cette compétence s’apprend !

Un Toastmaster améliore son expression orale en préparant des discours qu’il prononce au cours des réunions de son club. Ainsi il aborde progressivement toutes les facettes de l’art oratoire, comme structurer un discours, choisir les mots appropriés ou varier la voix. Cependant, pour certains membres, trouver un sujet de discours est un obstacle infranchissable qui nuit à leur progression. Jean-Philippe, par exemple, estime qu’il “n’[a] pas d’idées intéressantes pour [ses] discours”.

LA CREATIVITE AU SERVICE DE L’ORATEUR

La créativité permet de trouver délibérément de nouvelles idées. Notamment, pour l’art de parler en public, elle est d’une aide précieuse à plusieurs étapes de la création et de l’interprétation d’un discours. Par exemple elle peut lui servir pour enrichir la dramaturgie d’une histoire, pour injecter de l’humour ou varier son style.

L’une des approches les plus efficaces pour développer la créativité est la méthode CPS (Creative Problem Solving), créée par Alex Osborn, l’un des fondateurs de l’agence de publicité BBDO. Elle suit un processus très structuré, en 8 étapes (cf. figure 1). En outre, deux respirations rythment chacune de ces étapes : la divergence avec des outils permettant de récolter une riche moisson d’idées, et la convergence pour sélectionner les plus utiles. Or le chercheur américain Kuan Tsai a ainsi montré, en compilant plusieurs études randomisées, que la technique CPS avait une très grande efficacité.

Figure 1 : Aperçu de la méthode CPS

UNE APPLICATION A LA RHETORIQUE : L’ECHELLE D’ABSTRACTION

La place manque dans ce billet pour un aperçu complet sur le CPS. Aussi nous bornerons-nous à décrire un outil divergent, l’échelle d’abstraction. Elle est particulièrement utile pour rendre concret un discours trop abstrait ou, au contraire, à oxygéner une expression trop prosaïque.

Pour cela, le bas de l’échelle (cf. figure 2) symbolise les objets concrets : par exemple une vache, une chaise, un chiffre, tandis que le haut de l’échelle représente les concepts abstraits : par exemple la liberté ou la relativité restreinte.

Figure 2 : Echelle d’abstraction

Chaque orateur possède un biais dans son expression. Ou il se situe plutôt en bas de l’échelle en submergeant son auditoire sous un déluge de chiffres sans en fournir l’interprétation. Ou il est plutôt en haut de l’échelle en manipulant, par exemple, une théorie sans en évoquer l’application pratique. Pour améliorer son discours, l’orateur monte ou descend sur l’échelle de l’abstraction :

  • D’un côté, monter l’échelle rendra le problème plus abstrait et plus général. Pour cela, l’orateur se pose des questions de type “Pourquoi ?”, telles que “De quoi ce dont on parle est-il l’exemple ?” ou “Quelle est la vue globale ?” ou encore “Quels sont les modèles et les relations, les tendances, les enseignements, les inférences, les principes et directives, les idéaux… ?”
  • De l’autre, descendre l’échelle donnera du concret à l’expression. A cette fin, l’orateur se pose des questions de type “Comment ?”, comme “Comment faire pour mettre en application?”, ou “Quels sont les exemples ?”. Il répond à ces questions en donnant un exemple, en racontant des histoires et des anecdotes ou en fournissant des statistiques.
EN CONCLUSION

La méthode CPS met à la disposition des orateurs de nombreux outils de créativité pour améliorer leurs discours. Voulez-vous assister à une de nos séances pour observer comment nos membres les utilisent dans leur prise de parole ? Suivez le guide!

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La pratique délibérée : l’art de progresser éternellement

Cette approche permet de développer l’expertise dans de nombreux domaines dont l’art oratoire.

L’homme politique et écrivain américain Benjamin Franklin s’est donné très tôt les moyens d’améliorer sa plume. Dès l’adolescence, il a pris l’habitude de réécrire de mémoire les articles lus dans le Spectator, le Libé de l’époque. Il comparait ensuite sa prose avec la version originale et apprenait ainsi à enrichir son vocabulaire et ses tournures de phrase. Le jeune homme s’exerçait là, sans le savoir, à la pratique délibérée.

QU’EST-CE QUE LA PRATIQUE DELIBEREE ?

La pratique délibérée est une stratégie d’apprentissage où l’apprenant s’engage à suivre un exercice d’entraînement planifié et répété, dans une logique de progression, avec un objectif bien défini. En cela, elle se distingue de la pratique routinière par laquelle on se contente de répéter les mêmes gestes ou les mêmes procédures. Pour être efficace, l’étudiant doit répéter les exercices de pratique délibérée de nombreuses fois, disposer rapidement et facilement des résultats de ses actions, pour corriger sans délai l’écart entre ces résultats et la performance attendue. Comme il est amené à échouer souvent, il est important d’effectuer ces exercices dans un environnement sans risque. Le retour de la part d’un expert permet également de soulager la frustration des essais et erreurs répétés.

LA PRATIQUE DELIBEREE CHEZ TOASTMASTERS

Et le jeu en vaut la chandelle. K. Anders Ericsson a étudié la haute performance, en particulier chez les artistes, les joueurs d’échecs et les sportifs. Pour lui, la pratique délibérée permet à la longue de distinguer les experts, capables de prouesses inouïes, et les personnes simplement compétentes.

Prenons l’exemple d’Alain, un Toastmaster déjà expérimenté. Il souhaite s’améliorer en évaluation de discours grâce à la pratique délibérée. Pour commencer, il se lance un défi : prononcer son discours d’évaluation sans note ! Il élabore pour cela une stratégie de mémorisation des points forts et des points d’amélioration du discours qu’il évalue grâce à un nombre limité de mots-clés. Pour pratiquer sa stratégie de manière répétée, il s’est constitué un répertoire de discours-cibles sur son ordinateur grâce à la mine d’or constituée des discours TEDx.

LA SPIRALE ASCENDANTE DES PROGRÈS

Il répète ainsi inlassablement le même processus : écouter le discours-cible, l’évaluer grâce aux mots-clés, mémoriser ces derniers, puis prononcer le discours d’évaluation sans note. Il va même jusqu’à s’enregistrer afin de pouvoir s’auto-évaluer. Au début, les évaluations sont maladroites et superficielles. Cependant, il constate avec plaisir qu’au fil du temps, sa performance s’améliore. Cela le motive à poursuivre la pratique. Au bout de quelques semaines, il aura la satisfaction de remporter haut la main le concours d’évaluation du club.

ET VOUS?

La pratique délibérée est un moyen de progresser qui a fait ses preuves pour tout aspirant orateur. Les réunions de club sont l’occasion de pratiquer sans risque avec le retour bienveillant de membres expérimentés. A votre tour de venir nous visiter lors d’une de nos prochaines séances.

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Pathways : la révolution en marche chez Toastmasters

Agée de 86 ans, la méthode Toastmasters a fait l’objet en 2018 d’un profond remaniement.

La méthode Toastmasters enseigne l’art oratoire et le leadership et a été formalisée en 1932. Depuis lors, elle avait peu évolué alors que les besoins et les moyens de formation ont profondément changé. Aujourd’hui, le besoin de communiquer revêt de multiples formes : parler en public, négocier, gérer les conflits entre individus, prononcer des “pitchs” percutants, …. De même, l’offre s’est enrichie considérablement grâce à Internet, avec l’arrivée des Moocs et autres contenus multimedias. Prenant conscience du défi, Toastmasters International a décidé de refondre la méthode. Nom de code : Pathways (parcours en français).

L’essence de la méthode Toastmasters est de permettre à ses adhérents de développer des compétences en communication et en leadership. Ils pratiquent ces compétences dans un environnement protégé. Puis ils en partagent les enseignements en prononçant des discours lors de réunions bi-mensuelles. Au passage, les orateurs bénéficient des retours bienveillants et constructifs de la part du groupe. Cette méthode simple a connu un succès phénoménal puisque les clubs Toastmasters regroupent plus de 350.000 membres dans le monde.

Pathways reste fidèle à ces principes, tout en enrichissant considérablement l’expérience de l’adhérent. Tout d’abord, elle s’adapte au besoin de chacun. Ainsi, un nouveau membre débute son parcours en répondant à un questionnaire simple. Il y partage ses centres d’intérêt (par ex. parler en public, coaching, négocier, etc.) et la perception de ses propres performances (très à l’aise à pas à l’aise du tout). Trois parcours (parmi 11 au total) lui sont alors proposés. Après en avoir choisi un, le membre accède à un nombre de ressources considérable : tutoriels, vidéos doublées dans une des sept langues locales, quizz, documents méthodologiques, questionnaires d’auto-évaluation, etc. Ces outils lui permettront de mener son projet à terme, un peu comme s’il dialoguait avec un coach virtuel.

DEUX EXEMPLES CONCRETS

Ainsi, Bénédicte, responsable de la communication avec les investisseurs d’une grande banque française, souhaite se préparer à affronter des auditoires difficiles. Elle a choisi le parcours « Maîtriser ses présentations » dont l’un des projets est justement de parler devant un auditoire difficile. Ce projet va consister à prononcer un discours pendant que certains membres du club joueront un rôle prédéfini de public hostile.

Autre exemple, Karim, Toastmaster depuis deux ans, est déjà à l’aise à l’oral. Il doit prendre la tête d’une équipe et voudrait améliorer ses compétences d’animation. Pour cela, ll a choisi le parcours « Devenir un coach efficace » et travaille sur son projet « Améliorer grâce au coaching positif ». Sa nièce de 21 ans lui servira de « cobaye » de mentorée. Karim va utiliser les nombreuses ressources mises à sa disposition en ligne pour l’aider à trouver un contrat en CDI. Puis, il prononcera devant son club un discours humoristique sur les enseignements qu’il en a retirés.

Cette révolution de la méthode Toastmasters est, en fait, un retour aux sources, car, dès le départ, l’intention du fondateur Ralph Smidley était de développer, en particulier chez les plus jeunes, une aisance en communication et en leadership. Vous aussi, vous voulez suivre ce chemin ? Venez donc nous rendre visite lors d’une des prochaines réunions du club SCINTILLE !. Si, par ailleurs, vous voulez bien démarrer sur Pathways, découvrez les tutoriels ici.

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