Les “heu” et les “hmm” sont des parasites de la communication que la méthode Toastmasters aide à maîtriser
A chaque réunion Toastmasters, un des membres du club dénombre les hésitations (les heu ou hmmm) prononcées au cours de la réunion et rend compte de son score à chaque orateur. C’est souvent une surprise douloureuse, même pour les plus chevronnés. Car nous avons tendance à sous-estimer la quantité de nos hésitations.
Dans cet article, nous allons nous intéresser à l’impact des hésitations sur la qualité d’un discours et donner quelques recettes pour s’en débarrasser.
LES HÉSITATIONS AFFAIBLISSENT LA PAROLE
Indéniablement, les hésitations ternissent l’impact d’un discours. C’est ce qu’a démontré le psychologue américain Nicholas Christenfeld. Pour cela, il a soumis ses étudiants de l’université de San Diego à une expérience fort intéressante. Il leur a fait entendre un discours de quelques minutes contenant beaucoup d’hésitations, dans trois versions : l’originale et deux autres, manipulées numériquement.
Dans la première d’entre elles, les hésitations ont été remplacées par des silences. Dans la seconde, elles ont été purement et simplement retirées. En outre, il a donné la consigne à un tiers du public, avant l’écoute, de se concentrer sur le contenu du discours et à un autre tiers de se concentrer sur la forme du discours, le dernier tiers n’ayant pas de consigne particulière.
Après l’écoute, il a demandé à ses étudiants d’estimer le nombre d’hésitations prononcées et de donner une note à l’éloquence de l’orateur. Sans surprise, plus nombreuses étaient les hésitations, moins l’orateur était jugé éloquent. Plus surprenant, les étudiants étaient incapables de trouver laquelle des trois versions, l’originale, celle avec des silences et celle sans silence, contenait le plus d’hésitations. Ce ne sont que ceux qui avaient prêté explicitement attention à la forme du discours qui y parvenaient. Enfin, la version où les silences remplaçaient les hésitations donnait l’impression que l’orateur était encore plus mal à l’aise que dans la version originale, avec des hésitations.
S’ATTAQUER AUX CAUSES DES HÉSITATIONS
Pour expliquer ces paradoxes, Christenfeld a émis l’hypothèse qu’un processus inconscient évaluait les hésitations. Il en a conclu que pour améliorer son éloquence, il fallait les éliminer complètement et non pas seulement les remplacer par des silences.
Christenfeld partit alors à la recherche des racines du mal et mena d’autres expériences. Il montra notamment que l’excès d’attention portée par l’orateur au contenu de son discours provoquait l’hésitation. En particulier, un sujet abstrait, un vocabulaire riche ou un effort pour bien parler amènent l’orateur à se concentrer davantage et génèrent davantage d’hésitations.
D’autres causes d’une attention excessive sont la peur d’être jugé ou le fait de parler à quelqu’un d’intimidant. Il a d’ailleurs prouvé que les personnes sous l’emprise de l’alcool hésitent moins que les personnes sobres. Il en a conclu qu’étant moins inhibées, ces personnes se concentrent moins sur ce qu’elles disent. De même, parler sans interlocuteur, devant un interphone ou un répondeur par exemple, augmente également le nombre d’hésitations.
COMMENT LES ÉRADIQUER ?
Pour éliminer les hésitations, il faut donc éviter de trop se concentrer sur ce qu’on est en train de dire. Pour cela, plusieurs moyens existent. Un discours concret, par exemple racontant une histoire, ou l’usage d’un vocabulaire limité demandent ainsi moins d’attention. Par ailleurs, la pratique de l’improvisation permet d’automatiser la parole. Enfin, se concentrer sur d’autres éléments que le discours, comme le public ou sa propre gestuelle est également un moyen efficace.
L’un des orateurs les plus brillants que j’ai rencontré chez Toastmaster ne commettait aucune hésitation, même en improvisation. Il avait un secret. Enfant, Il avait appris le solfège et s’était entraîné à déchiffrer des partitions à haute voix avec un métronome. Se concentrer sur le rythme lui permettait de contrôler son débit.
POUR ALLER PLUS LOIN
Si les hésitations nuisent à la qualité de la communication, il existe donc des moyens pour s’en débarrasser. Chez Toastmasters, d’ailleurs, il est rare que les membres les plus expérimentés (“distingués” ou DTM) en commettent. Vous en doutez ? Venez donc nous rendre visite lors d’une de nos prochaines séances(lien).
Vous visitez le club pour la première fois ? Préparez-vous à communiquer et… à applaudir
Vous avez donc décidé d’assister à une réunion Toastmasters. Car un ami ou un collègue vous y a convié, ou peut-être qu’on vous a suggéré d’améliorer vos présentations. Ou bien vous êtes à la recherche d’un emploi et souhaitez perfectionner certaines compétences. Ou bien vous lancez votre propre entreprise et vous vous rendez compte qu’être capable d’influencer et de persuader vous fera gagner encore plus de clients. Quelle que soit la raison, félicitations ! Vous faites le premier pas pour améliorer vos compétences en communication et en leadership.
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LES PREMIERS PAS
Mais les premiers pas peuvent être source d’appréhension. En fait, la partie la plus difficile du parcours de Toastmasters pour la plupart d’entre nous a été littéralement ce premier pas dans la salle de réunion, ou cette première connexion à une réunion virtuelle, avec des visages que nous ne connaissons pas et devant qui nous pourrions éventuellement avoir à parler en public. Et cette seule pensée peut suffire à accélérer votre rythme cardiaque. Pour dominer votre éventuel réflexe de fuite, voici un petit aperçu de ce à quoi vous pouvez vous attendre.
IL Y AURA DES APPLAUDISSEMENTS
Beaucoup d’applaudissements ! Les Toastmasters accueillent chaque orateur au pupitre avec des applaudissements d’encouragement. Lorsqu’il aura terminé, ils le remercieront pour sa contribution. Ils applaudissent également les improvisations, les évaluations et à peu près tout ce qui se passe dans une séance. La bonne nouvelle est que même si vos mains peuvent vous faire mal à la fin de la soirée, certains des applaudissements seront pour vous.
PARTICIPER ? OUI MÊME COMME INVITES
C’est parce qu’il y aura une occasion de participer, même lors de votre première visite. Nous ne vous enverrons pas directement sous les projecteurs, mais vous aurez trois chances de prendre la parole. La première viendra au début de la séance. Le président du club ouvrira la réunion et vous demandera, ainsi qu’aux autres invités présents, de vous présenter. Cela n’a pas besoin d’être long, moins de 30 secondes. Dites votre nom, pourquoi vous avez décidé de consulter Toastmasters et comment vous avez trouvé ce club en particulier. Terminé ! Et puis on applaudira.
LE DÉROULEMENT D’UNE RÉUNION
Le président du club donnera ensuite la main à l’animateur de la réunion, qui dirigera le reste de la session. Il ou elle expliquera l’ordre du jour, présentera les orateurs et les évaluateurs et s’assurera que les choses se passent bien.
Plusieurs membres du club, certains expérimentés, d’autres débutants, prononceront par la suite des discours préparés. Vous entendrez ainsi toutes sortes de sujets différents, de « Mes vacances d’été » à « Marketing en pleine conscience ». Chaque discours aura été conçu pour atteindre des objectifs d’apprentissage spécifiques qu’énonce le programme de formation de Toastmasters, Pathways.
PATHWAYS
Dans Pathways, vous pouvez choisir parmi 11 parcours différents, en fonction de vos objectifs particuliers. Chacun commence par le « Briser la Glace », un court discours dans lequel vous parlez un peu de vous à vos nouveaux coéquipiers. Objectif principal : se tenir devant le public pendant quatre à six minutes et survivre. Les projets de discours de Pathways s’enchaînent après le « Briser la glace », et vous apprennent de nouvelles compétences, petit à petit, jusqu’à ce que vous communiquiez comme un professionnel.
LES ÉVALUATIONS: LA PIERRE ANGULAIRE DE LA MÉTHODE
Chaque discours sera ensuite évalué. L’évaluateur de discours offrira des commentaires constructifs sur ce que l’orateur a bien fait (« Ton discours était incroyablement bien structuré ») et aussi sur ce qu’il pourrait améliorer (« Ajoute de la variété en trouvant des transitions qui ne commencent pas par : Cinquièmement, je voudrais souligner… « ). Le reste de l’équipe d’évaluation offrira des commentaires sur chaque intervenant : combien de um et ah et de mots de remplissage ont été utilisés, dans quelle mesure chaque participant a respecté les délais ou la grammaire, etc.
ET LES IMPROVISATIONS?
La partie la plus excitante de la session est peut-être les improvisations. Elles améliorent les compétences orales impromptues, et c’est là que vous aurez votre deuxième occasion de participer, si vous en avez manifesté le souhait naturellement. Le maître des improvisations présentera le thème général, puis appellera les gens de manière aléatoire, et posera à chaque participant une question spécifique.
A LA FIN DE LA RÉUNION
À la fin de la réunion, vous serez invité à donner votre avis. Ce sera votre troisième occasion de vous exprimer. Nous vous invitons à revenir jusqu’à trois fois avant que vous décidiez de vous inscrire.
Si vous n’êtes pas prêt, ne vous inquiétez pas et n’abandonnez pas. Il existe près de 17.000 clubs Toastmasters dans le monde ; si celui-ci ne correspond pas à votre rythme, essayez-en un autre dans la région parisienne. Chaque club a sa propre ambiance unique, vous trouverez donc celui qui vous convient.
ET APRÈS ?
Une fois que vous aurez franchi le pas, vous commencerez à progresser dans le programme Pathways. Vous gagnerez en confiance, en éloquence et en style. Vous deviendrez un élément inestimable de votre club, accueillant les invités et mentorant les nouveaux membres.
Un soir, vous prononcerez un discours remarquable, habilement conçu, avec une introduction qui capte l’attention et des arguments qui font réfléchir. Votre langage corporel sera parfait et vous vous connecterez avec le public. Vous terminerez par une conclusion mémorable. Vous serez fier lorsque votre dernier mot sera suspendu dans le silence.
Et puis… on applaudira.
POUR ALLER PLUS LOIN
Vous souhaitez assister à une réunion « en vrai » ? L’inscription, c’est ici.
La mémoire est précieuse à l’orateur. Le palais de la mémoire est un outil de choix pour l’optimiser.
Beaucoup de mes idées de discours me viennent pendant mes courses à pied dans le bois de Vincennes. Jusqu’à une époque récente, comme je ne mémorisais pas ces idées, elles étaient perdues pour toujours. Le palais de la mémoire a résolu ce problème. Je peux désormais emmagasiner toutes les idées qui me viennent à l’esprit. Dans ce billet, après un aperçu historique de cette méthode presqu’aussi vieille que la rhétorique, nous découvrirons une approche pratique pour construire et utiliser son palais de la mémoire.
UNE PRATIQUE QUI REMONTE A L’ANTIQUITÉ
L’origine du palais de la mémoire, encore appelée méthode des loci ou des lieux remonte l’Antiquité grecque. Elle se base sur le souvenir de lieux déjà bien connus, auxquels on associe, par divers moyens, les éléments nouveaux que l’on souhaite mémoriser. Attribuée à tort à Cicéron, cette méthode aurait été découverte par un Grec, Simonide de Céos, quand il fut amené à identifier le corps de ses amis décimés par un tremblement de terre. Cet art fut ensuite pratiqué par les premiers moines et devint la principale méthode de lecture de la Bible. Il a donné naissance aux expressions comme “En premier lieu,…en second lieu”.
Il existe plusieurs variantes de cette méthode, qu’on peut résumer en cinq étapes :
ÉTAPE 1 : CHOISIR LE PALAIS
Il faut choisir un lieu suffisamment familier pour être visualisé en fermant les yeux. Les prêtes juifs avaient l’habitude d’utiliser la description dans la Bible de lieux saints comme le temple de Salomon ou le Tabernacle. Si, comme Carlos Ghosn, vous êtes un peu snob, vous choisirez le château de Versailles. Plus prosaïquement, votre propre habitation fera parfaitement l’affaire, même si c’est une coloc ! Plus le lieu est grand, plus vous pourrez ranger d’informations
ÉTAPE 2 : IDENTIFIER LES DIFFÉRENTES PIÈCES DU PALAIS
Si votre palais se trouve dans un bâtiment, vous pourriez envisager de ranger vos informations dans des pièces différentes. Ensuite, à l’intérieur de chaque pièce, vous pouvez identifier des emplacements plus petits, par exemple un tableau, des meubles ou des éléments de décoration.
ÉTAPE 3 : DÉFINIR UN PARCOURS
Vous définissez le chemin que vous allez parcourir dans votre palais. Entrez-vous par la porte d’entrée ? Quel couloir allez-vous prendre ? Dans quelles pièces vous rendez-vous ? Si vous devez vous souvenir de ces choses dans un certain ordre, suivez un chemin en particulier, autant dans votre tête que dans la réalité.
ÉTAPE 4 : DÉPOSER LES INFORMATIONS A MÉMORISER
Tout ce que vous avez à faire est de poser dans chaque emplacement du palais une information qui va activer votre mémoire et vous amener à vous souvenir des informations que vous ne voulez pas oublier. Par exemple, si vous essayez de vous souvenir d’un bateau, vous pouvez visualiser une ancre sur votre canapé. Si ce bateau est le Titanic, vous pouvez imaginer un iceberg à côté de l’ancre. Les images que vous choisissez doivent être faciles à retenir. En général, vous aurez plus de facilité à vous les rappeler si elles sortent de l’ordinaire. Ou si elles ont un lien avec une émotion forte ou une expérience personnelle. Optez pour des images saugrenues, voire obscènes. C’est d’ailleurs une des raisons pour lesquelles l’Église était réticente à employer cette méthode.
ÉTAPE 5 : EXPLORER VOTRE PALAIS
Passer un quart d’heure par jour à explorer votre palais. Plus vous vous y promenez et plus vous y passez du temps, plus il vous sera facile de vous souvenir des informations que vous y rangez. Votre exercice de visualisation doit vous sembler très facile et naturel.
DES RÉSULTATS PRODIGIEUX
Ce processus donne des résultats impressionnants. Le recordman du monde de la mémorisation de cartes est capable de retenir l’ordre d’un jeu de 52 cartes en 20“, c’est-à-dire moins de 3/10 de seconde par carte ! Un autre champion a été capable de mémoriser une séquence de 1.040 chiffres en une demi-heure avec 300 points d’arrêt dans son palais de la mémoire.
Pour ma part, j’utilise régulièrement cette méthode pour retenir les idées qui me viennent n’importe quand. Je range les informations dans chacune des pièces de mon logement en essayant de trouver une image frappante. Hier, par exemple, je devais me rappeler de regarder les horaires et les prix d’un vol vers la Guyane que je dois effectuer cet automne. L’image était celle d’un papillon, pour évoquer le fameux bagnard de l’Île du Diable, Henri Charrière, posé sur une maquette d’avion dans le couloir de l’entrée. J’ai la chance d’habiter une grande habitation. Mon record personnel, certes modeste, est de 20 éléments différents !
POUR ALLER PLUS LOIN
En conclusion, cette méthode est très utile à l’ orateur, que ce soit pour retenir un discours (les images correspondent aux différentes parties du discours) ou pour faire une évaluation sans note. Et pour se souvenir de nous rendre visite pour une prochaine réunion.
Voici les clés pour surmonter l’appréhension devant cet exercice très formateur.
L’improvisation est l’un des trois piliers d’une réunion Toastmasters à côté des discours préparés et des évaluations. Comment survivre à cette épreuve qu’appréhendent souvent les membres, même les plus expérimentés ? Notre collègue Odile a donné il y a quelque temps une formation sur ce sujet.
IMPROVISER : UNE COMPÉTENCE CLÉ DANS LA VIE DE TOUS LES JOURS
Les situations d’improvisation sont nombreuses dans la vie quotidienne. Il peut s’agir d’un entretien d’embauche, d’une objection venant d’un client ou d’un face à face avec des gens que l’on ne connaît pas. Même en situation de prise de parole en public, alors qu’on a préparé son discours, savoir improviser permet de s’en sortir si la mémoire trompe l’orateur. Cela libère de la tyrannie du “par cœur”.
Nos deux clubs consacrent une vingtaine de minutes à cet exercice à chaque séance. Pour cela, un membre, le meneur des improvisations, prépare à l’avance une demi-douzaine de sujets, en général des questions. Pour chacun d’eux, il invite au hasard un participant à développer sa réponse au sujet pendant une à deux minutes. Cette séance donne de l’énergie pour le reste de la réunion.
Comment bien s’y préparer ? Quatre étapes sont utiles pour réussir une bonne improvisation.
BIEN ECOUTER LE SUJET
Une bonne écoute évite de faire répéter l’interrogateur, ce qui est fortement déconseillé en concours. Pour cela, noter les sujets par écrit développe l’écoute. D’ailleurs, cela permet de se les rappeler au moment du vote de la meilleure improvisation ou pour se constituer une banque de sujets sur lesquels s’exercer en dehors des séances. En même temps, le Toastmaster peut essayer de trouver l’idée sur laquelle il pourra bâtir l’improvisation, s’il est appelé.
PRENDRE SON TEMPS
Avant de démarrer, un silence de quelques secondes permet de rassembler ses idées. Il attire l’attention du public en ajoutant une petite touche dramatique de fort bon aloi. Pour gagner encore un peu de temps lors du démarrage, parfois laborieux, il est utile d’accuser réception du sujet. Pour cela, l’improvisateur peut reformuler le sujet ou prendre un mot du sujet pour le clarifier. Cela donne également des idées pour structurer l’improvisation. Il faut à tout prix éviter de répéter le sujet mot pour mot car la paraphrase est une maladresse.
DÉMARRER SUR LA PREMIÈRE IDÉE
Dans les deux minutes d’une improvisation, l’orateur n’a pas le temps d’avoir une deuxième première idée ! Il vaut mieux développer une idée médiocre plutôt qu’espérer la visite de l’idée parfaite. Le cerveau humain est ainsi fait qu’il procède par associations d’idées : il bâtira naturellement sur cette première idée. Pour développer celle-ci, on peut chercher à répondre aux sept questions du journaliste, connues sous le sigle du QQOQCCP : Qui? Quoi? Où ? Quand ? Comment? Combien? Pourquoi?
CONCLURE
Une improvisation est avant tout un mini-discours avec une introduction, un développement et une conclusion. Cette dernière doit être percutante pour que les gens se souviennent de l’orateur. Pour bien marquer la conclusion, on peut la démarrer par un “En bref” ou un “Pour conclure”, dès que le signal rouge est indiqué par le chronométreur. A éviter absolument : les excuses, les “voilà !” et autres “merci”.
POUR ALLER PLUS LOIN
Mark Twain affirmait qu’il lui fallait “trois semaines de travail pour faire un bon discours improvisé”. Nous vous souhaitons d’être plus efficace en pratiquant ces 4 trucs.
Pourquoi ne pas découvrir une séance d’improvisation en rendant visite àl’un de nos deux clubs, pour participer gratuitement à l’une de nos réunions. Pour s’inscrire, c’est ici.
L’Evaluateur Général est le pilier principal d’une réunion
Au cours d’une réunion, l’Évaluateur Général est le membre qui évalue tout ce qui a lieu dans celle-ci. Aussi ce rôle constitue une excellente occasion de pratiquer l’esprit critique, l’organisation et la promotion de l’esprit d’équipe.
L’Évaluateur Général est sous la responsabilité du Président de soirée (lien vers ce rôle). Lui-même est responsable de l’équipe d’évaluation. Celle-ci comprend le chronométreur, le grammairien, le compteur d’hésitations, les évaluateurs de discours et l’évaluateur des improvisations.
Avant la réunion
La page EasySpeak de la réunion permet de vérifier si tous les rôles de l’équipe d’évaluation sont remplis. Validez avec le Président de soirée le programme de la réunion et tout changement par rapport au déroulement habituel.
Communiquez à tous les évaluateurs quels sont les orateurs qu’ils évalueront ainsi que le format d’évaluation requis pour chaque membre en particulier. De même, encouragez-les à se préparer à leur rôle en contactant les orateurs pour discuter des exigences d’évaluation particulières. Lorsque vous communiquez avec les évaluateurs, soulignez l’importance des évaluations positives, encourageantes et sincères. De fait, leur objectif en tant qu’évaluateurs est d’aider les autres membres à améliorer leurs compétences. Enfin, communiquez avec les autres membres de l’équipe d’évaluation pour leur rappeler leurs tâches. Pour cela, vous pouvez leur faire parvenir un message comme celui-ci. NOTE: pour envoyer un mail par EasySpeak, l’application de programmation des séances, consulter ce tutoriel.
A l’intention des invités de la réunion, préparez un bref discours sur l’objectif, les techniques et les avantages d’une évaluation.
Juste avant la réunion
Saluez tous les évaluateurs. Si l’un d’entre eux est absent, entendez-vous avec le vice-président à la formation pour choisir un remplaçant.
Assurez-vous que chaque évaluateur possède tout le matériel dont il a besoin pour effectuer l’évaluation des membres qui prennent la parole. En particulier, il doit disposer de la feuille d’évaluation du discours. En même temps, vérifiez que l’évaluateur comprend les critères du discours et qu’il est à l’aise pour occuper cette fonction.
Vérifiez la durée impartie à chaque orateur et indiquez-la au chronométreur.
Pendant la réunion
Prenez note de tout ce qui se passe, y compris tout ce qui ne fonctionne pas bien. Soyez également attentif aux distractions inutiles qui auraient pu être évitées. Surveillez le temps de l’évaluation et si la réunion et chacune de ses sections ont commencé et fini à temps.
Concentrez-vous sur les orateurs qui n’ont pas d’évaluateur assigné. Évaluez chacun d’eux. Recherchez de bons exemples de préparation et d’organisation. Même si les membres qui présentent un discours ont des évaluateurs qui leur sont assignés, vous êtes libre d’ajouter des commentaires si vous le souhaitez.
Juste après la pause, asseyez-vous près du pupitre pour faciliter les allers-retours fréquents afin de donner la parole aux membres de l’équipe d’évaluation.
Lorsque c’est votre tour, allez au pupitre et présentez chaque évaluateur de discours et chaque rôle technique. Ensuite, remerciez chacun d’entre eux pour ses efforts.
Donnez votre évaluation générale en fonction des notes que vous avez prises au cours de la réunion. Formulez votre évaluation de manière à soutenir et encourager les membres du club tout en identifiant les domaines à améliorer. En tant qu’évaluateur général de la réunion, faites des commentaires sur les évaluations de chaque discours. N’oubliez pas de noter les cas où les évaluations ont suivi les critères définis et ont permis de faire des remarques spécifiques.
À la fin de la section Évaluation de la réunion, vous repassez le contrôle au Président de soirée.
Pour aller plus loin
Vous voulez apprendre à évaluer toutes les facettes d’un discours ?
Venez donc nous rendre visite lors d’une prochaine réunion pour constater les bénéfices de la méthode de nos deux clubs Toastmasters, l’Etincelle et SCINTILLE !.
Le Président de soirée est le chef d’orchestre d’une réunion Toastmasters
Le Président d’une soirée Toastmasters coordonne et anime l’ensemble de la réunion et présente les intervenants. Ainsi, il donne le ton de la réunion. Ce rôle est en général réservé aux membres qui connaissent assez bien le club et ses procédures.
Être Président de soirée développe les compétences de planification, de gestion du temps, et d’animation, pour que cette réunion soit l’une des meilleures du club !
Avant la réunion
Quelques jours avant la réunion, allez sur la page du programme prévisionnel de la soirée. Puis, voyez les rôles restant à pourvoir et contactez les membres n’ayant pas de rôle pour les remplir.
Envoyez un mail (comme par exemple ici) aux orateurs, au meneur des improvisations et à l’évaluateur général pour s’assurer qu’ils tiendront leur rôle et leur donner quelques conseils. NOTE: pour envoyer un mail par EasySpeak, l’application de programmation des séances, consulter ce tutoriel. Prenez le temps de valider auprès de chacun des orateurs le titre de son discours, son projet, la durée requise et toute information intéressante à inclure dans votre présentation. Encouragez l’évaluateur général à contacter les autres membres de l’équipe d’évaluation (les évaluateurs du discours, l’évaluateur des improvisations, le chronométreur, le grammairien et le compteur d’hésitations).
Choisissez un thème pour la soirée qui servira de fil rouge et permettra de poser une question pendant la présentation des orateurs de la soirée. Par exemple, si le thème de la soirée est le souvenir (un 11 novembre, par exemple), la question pourrait être “Quel est ton souvenir le plus marquant à Toastmasters ?”
Préparez un petit discours pour chaque orateur ainsi que des remarques pour ménager des transitions entre les parties du programme.
Rappelez-vous qu’occuper le rôle de Président de soirée est l’une des expériences les plus importantes au sein du club. C’est pourquoi cette tâche nécessite une préparation soigneuse pour animer une réunion bien organisée.
Juste avant la réunion
Arrivez tôt pour régler tous les détails de dernière minute.
Vérifiez avec les orateurs s’il y a des changements de dernière minute.
Asseyez-vous vers l’avant de la salle et demandez aux orateurs de faire de même afin de pouvoir accéder rapidement et facilement au pupitre.
Pendant la réunion
Présidez en faisant preuve de sincérité, d’enthousiasme et d’initiative.
Efforcez-vous de débuter et de terminer la réunion à l’horaire prévu. Il se peut que vous deviez procéder à des modifications à l’ordre du jour pendant la réunion pour atteindre ce but. Assurez-vous que chaque partie de la réunion respecte le programme prévu.
Lancez les applaudissements avant et après chaque intervention.
Présentez chaque orateur. Après votre présentation, restez près du pupitre. Une fois que l’orateur a pris sa place, retournez à votre siège.
Après la séquence des improvisations, procédez au vote de la meilleure improvisation. De même, s’il y a eu au moins trois discours préparés, procédez au vote du meilleur discours.
Présentez l’Évaluateur Général comme vous le feriez pour n’importe quel orateur. Il lui revient de présenter les autres membres de l’équipe d’évaluation et d’animer la section consacrée aux évaluations.
S’il y a eu au moins trois évaluations et, donc, un vote de la meilleure, récupérez son résultat.
Remettez les prix.
Ajournez la réunion en rendant la parole au président du club.
Pour aller plus loin
Vous rêvez d’être présenté comme un (futur) grand orateur ?
Venez donc nous rendre visite lors d’une prochaine réunion pour constater les bénéfices de la méthode de nos deux clubs Toastmasters, l’Etincelle et SCINTILLE !
Sans forcément partager ses idées, force est de reconnaître les qualités d’orateur de Jean-Luc Mélenchon
Lors de la campagne présidentielle de 2017, les journaux ne tarissaient pas d’éloges à l’égard des qualités d’orateur de Jean-Luc Mélenchon. “Flamboyant, lettré et érudit, le candidat de la France Insoumise est celui qui manie le mieux la langue française” n’hésitait pas à écrire le Parisien. Grâce à la La méthode Toastmasters d’évaluation, nous allons vérifier cette affirmation, en prenant l’exemple d’un discours important de sa campagne, celui de Lille du 16 Octobre 2016.
Un discours destiné à inspirer et à persuader
Ce discours clôturait la convention de la France Insoumise, sorte de congrès du parti réunissant 600 délégués de toute la France. Pour Mélenchon, il fallait galvaniser cet auditoire pour qu’à leur tour, les militants portent la bonne parole. En même temps, le discours a été filmé pour être diffusé sur Internet et s’adresser à un public plus large, pas forcément acquis aux idées de LFI. Il fallait donc convaincre ce public.
Pour atteindre ce double objectif, le discours recèle de nombreuses qualités.
Affirmer sa crédibilité
Dans un discours de ce genre, l’orateur doit inspirer confiance et, pour cela, démontrer sa crédibilité. Mélenchon y parvient grâce à un phrasé sans aucune hésitation, performance d’autant plus remarquable qu’il parle sans notes. La rectitude grammaticale le rapproche des grandes figures de la littérature du 19ème siècle, comme Hugo ou Zola. Néanmoins, il reste humain, puisqu’il admet des doutes par exemple dans la partie consacrée à la ferme aux 70 vaches.
Se connecter avec le public et susciter son intérêt
Face à une assemblée hétérogène, surtout si l’on tient compte des internautes, le leader de LFI sait varier les registres : populaire, en utilisant l’argot ou le parler de la rue (“des fois”, “le peuple se mêle de ses affaires”) allant jusqu’à adopter des accents coluchiens, par exemple, à 35:00 “le jambon sans antibiotique…il m’en reste du pas pourri”. Mais il sait aussi manier les concepts philosophiques – la philosophie est sa formation d’origine – comme la vertu. Ou la poésie avec Maurice Carême.
Il sait faire participer son public, grâce à l’humour (“Le principal organe qui fonctionne chez eux, c’est la glande lacrymale, c’est pas le cerveau”) ou bien en faisant siffler Macron (16:00). Mélenchon utilise souvent des images évocatrices comme “les sapins de plaine qui poussent comme des poireaux”. Il module sa voix en force (par exemple à 06:00) et en rythme avec des ralentissements et des accélérations. Enfin, il maîtrise bien ses déplacements malgré la configuration problématique de la salle, en forme d’arène.
Inspirer par le style
L’inspiration de l’auditoire provient également de son sens de la formule comme “l’engagement est une implication individuelle qui se renouvelle à chaque instant”, de l’utilisation d’images comme celle du “remède de rebouteux qui détruira le patient à la fin”, ou bien des figures de style, comme l’anaphore “parce qu’on” (14:00).
Pour illustrer certaines propositions de son programme, trop abstraites, il utilise des histoires. Ainsi, la ferme bretonne évoque la nécessité d’une filière de formation de 400.000 agriculteurs. Pour unifier son auditoire contre les ennemis communs, il joue l’indignation, comme à 44:00 sur la planification : “j’en ai ras-le-bol : ils mettent un euro et ça débite tout le chapelet” ou encore “je ne veux pas d’instituteur de 70 ans pour mes petits-enfants” (52:00). Les formules servent à cimenter le discours anti-élite : “les têtes d’œuf sortis des écoles de commerce”. Le sarcasme a toute sa place : “les capitalistes, ils ne compteraient que le temps que la machine tourne ; le temps de respiration, ça ne compte pas”.
Convaincre par la pédagogie concrète
Le discours sait aussi se faire pédagogique, pour mieux convaincre. Par exemple, sur le réchauffement climatique avec l’histoire du sable au large de Lannion ou bien sur la signification du nouveau logo de la France Insoumise (01:29:00) en citant au passage Victor Hugo.
Les chiffres qui marquent servent à susciter l’attention et l’adhésion, comme (36:00) “40% de la production agricole est jetée parce qu’elle n’a pas la bonne forme”. Les exemples sont aussi appelés à la rescousse pour résoudre des dilemmes, comme l’alternative écologie ou retour aux cavernes, avec l’exemple des algues danoises (43:00).
Un très bon discours donc. Est-il pour autant exempt de faiblesses ? Non et sous trois aspects.
Une vision d’ensemble à affirmer
Le discours semble manquer d’une vision globale, un souffle qui donnerait une cohérence à l’ensemble. Au fond, qu’est-ce que la France Insoumise ? Une “révolution citoyenne” ? L’expression paraît un peu galvaudée, reprise en partie par Macron dans un livre sorti à la même époque. Une vision de la sorte permettrait d’articuler la “proposition du discours” (comme nous l’avons évoqué dans ce post) qui lui servirait de fil rouge.
Une structure qui laisse à désirer
Mélenchon donne l’impression de sauter sans arrêt du coq à l’âne. Pour éviter cela, il pourrait établir la liste des idées qu’il veut faire passer. Ajustées dans un plan cohérent, elles soutiendrait le message de Mélenchon. ayant comme colonne vertébrale la proposition. Il n’y aurait plus qu’à concevoir des transitions fluides entre les parties. Cela permettrait au public de mieux s’orienter dans un discours foisonnant.
Quelques obscurités
Enfin, il devrait clarifier quelques obscurités, comme par exemple, à 01:05:00, ce qu’il mélange les droits et les devoirs, la liberté individuelle, le tabac et Tony Blair, en expliquant mieux, avec, par exemple, une histoire comme il sait le faire, ou à 01:12:00 quand il entame un long monologue sur la guerre généralisée et l’immigration.
Pour aller plus loin
En conclusion, Mélenchon a clairement les attributs d’un tribun du peuple. Il est capable de motiver et de persuader son auditoire en utilisant tous les outils de la rhétorique. Il manque à son discours (et à son projet ?) une vision d’ensemble pour lui permettre de devenir un orateur exceptionnel.
Voulez-vous aussi apprendre à décrypter la rhétorique de nos dirigeants ? Venez donc nous rendre visite lors d’une de nos prochaines réunions ici.
D’après certains, la communication en public se ferait essentiellement par le non-verbal. En réalité, c’est (beaucoup) plus compliqué que cela.
« Mehrabian l’a démontré : 93% de la communication vient du non-verbal ». La simplicité de cette affirmation, entendue lors d’une formation à la parole en public, a de quoi rendre perplexe. Car, si elle est vraie, elle dévalorise le contenu d’un discours. A quoi servirait-il de préparer méticuleusement une intervention si un bon acteur lisant le bottin était plus persuasif qu’un orateur ayant travaillé des heures pour affiner son discours ? Dans cet article, nous allons voir ensemble quelle est l’importance relative du contenu d’un discours, le verbal, par rapport à la prononciation de celui-ci, ce qu’exprime le langage non-verbal.
Pour cela, nous allons examiner les expériences conduites par Mehrabian et comment il en a tiré l’affirmation précédente, puis nous aborderons des considérations plus générales sur l’importance relative du verbal par rapport au non-verbal.
LA PREMIÈRE EXPÉRIENCE DE MEHRABIAN
Albert Mehrabian, un psychologue américain, a mené, en 1967, deux expériences sur la communication. Elles visaient à évaluer l’importance relative des trois canaux qui composent la communication orale:
Verbal, c’est-à-dire le contenu du discours
Vocal, l’intonation de la voix
Corporel, l’expression du visage et les gestes.
La première expérience avait pour but d’évaluer l’importance relative du canal verbal par rapport au canal vocal. Pour cela, il demanda à deux femmes de prononcer chacune 9 mots différents (trois à teneur positive comme « merci », trois neutres comme “peut-être”, trois à connotation négative comme « brute »). Chaque mot était prononcé avec trois intonations différentes (une positive, une neutre, une négative). Le tout générait 27 expressions différentes (9 mots x 3 intonations). Mehrabian demanda ensuite à des auditeurs de juger, parmi ces 27 expressions, quel sentiment éprouvaient ces femmes à l’égard de la personne à qui le message était adressé. Ce sentiment était-il positif (par ex. elle l’aime) ou négatif (par ex. elle ne l’aime pas)?
Il découvrit que le jugement se formait grâce aux intonations de la voix, plutôt que grâce au contenu du message. En particulier, lorsque les canaux se contredisaient (par ex. un mot négatif prononcé avec une intonation positive), l’intonation de la voix avait la primauté. Mehrabian a observé que le ton de la voix avait 5,4 fois plus d’importance que le mot prononcé.
LA SECONDE EXPÉRIENCE
Au cours de la seconde expérience, les deux femmes ne prononçaient qu’un seul mot (le mot neutre « peut-être ») avec trois intonations différentes et trois expressions du visage différentes (positive, neutre, négative), soit neuf possibilités. Il trouva que l’expression du visage était 1,4 fois plus importante que l’intonation de la voix pour juger du sentiment de l’oratrice. En combinant les deux études, il en déduisit les poids respectifs du contenu, de l’intonation et de l’expression du visage. Soit 7%, 38% et 55% respectivement et, donc, que 93% du jugement se formait à partir des signaux non-verbaux.
LES CRITIQUES ADRESSÉES A MEHRABIAN
Ces deux expériences on fait l’objet de nombreuses critiques.
Tout d’abord, aucune des deux n’a évalué les trois canaux de communication simultanément.
Ensuite, il s’agissait d’un type de jugement très particulier, le jugement affectifqui porte sur les sentiments: l’émetteur du message apprécie-t-il le récepteur du message? Elles n’ont pas évalué les jugements cognitifs qui s’intéressent à la signification du discours. Encore moins les jugements engendrés chez le récepteur.
Enfin, les mots étaient prononcés hors de tout contexte alors que, dans la vie réelle, ce contexte est fondamental pour juger, en particulier s’il y a d’autres informations que celles véhiculées par les trois canaux1.
Les études postérieures n’ont jamais réussi à démontrer la primauté du non-verbal sur le verbal. Ni celle de l’expression du visage sur la gestuelle. Par exemple, quand les trois canaux de communication (verbal, vocal, corporel) se contredisent, certaines études montrent que le canal négatif, verbal ou non-verbal, emporte la décision. Si je dis « je te déteste » avec une voix amicale, l’auditeur conclura que mon sentiment est négatif.
En fait, Mehrabian a essentiellement montré une banalité. Les auditeurs interprètent les sentiments de l’orateur à l’égard du récepteur à l’aide du contenu du discours, de son intonation et du langage corporel. Mais l’importance relative de ces facteurs dépend, en réalité, des circonstances.
LE PLUS IMPORTANT : VERBAL OU NON-VERBAL ?
Alors, que peut-on dire de l’importance relative des trois canaux de communication ?
Sans surprise, dans les jugements cognitifs, le canal verbal (contenu du discours) importe plus que dans les jugements affectifs. Cette importance croît avec la quantité d’information véhiculée.
Pour sa part, le canal vocal (la voix) est important pour juger l’assurance, la sincérité et l’intensité du sentiment d’un orateur. Le canal visuel (visage et gestes) est crucial pour juger si l’orateur est bien ou mal disposé à l’égard du récepteur. Cependant, si le canal vocal ou verbal contredit le canal visuel, celui-ci aura moins de poids.
Un cas particulièrement complexe est celui des jugements quant à la sincérité de l’orateur. Lorsque le canal verbal et les canaux non-verbaux se contredisent, l’auditeur suspecte un manque de sincérité. Le canal verbal pèse alors plus que les autres canaux. Il prend d’autant plus d’importance que son contenu est plausible et s’oppose aux intérêts de l’orateur. L’auditeur qui suspecte un manque de sincérité accordera également moins d’importance à l’expression du visage. Et davantage à la voix et au langage du corps.
Enfin, le genre, masculin ou féminin, de l’orateur et du récepteur affecte l’importance relative des canaux. Pour une femme, le public donne plus d’importance au contenu et à la voix que pour un homme. Quant à l’homme, il écoute en attachant moins d’importance au langage non-verbal qu’une femme.
POUR ALLER PLUS LOIN
Tout cela vous paraît un peu compliqué, n’est-ce pas ? Pour ma part, la leçon que j’en retiens est de veiller à la cohérence des trois canaux.
Qu’en pensez-vous ? Pourquoi n’expérimenteriez-vous-pas vous-même dans ce laboratoire de la communication qu’est la soirée Toastmasters ? Pour nous rendre visite, c’est ici.
Footnotes
1 Par exemple, si l’émetteur frappe l’orateur, cela sera sans doute interprété comme un signal négatif…
Construire son discours autour d’une proposition claire permet d’en renforcer l’efficacité
Un des bénéfices de ma longue expérience en tant que Toastmaster est d’avoir écouté près de 600 discours. Au fil du temps, j’ai constaté qu’une des erreurs les plus funestes que commettent même les orateurs chevronnés est de ne pas structurer leur prise de parole autour d’une proposition[1]. Dans ce billet, nous allons expliquer ce qu’est une proposition, à quoi elle sert et comment l’élaborer.
Qu’est-ce que la proposition d’un discours ?
Une proposition est une affirmation que l’on peut défendre, illustrer ou prouver et sur laquelle on peut argumenter. Voici quelques exemples :
Un homme politique: « Ce plan de relance va accroître le pouvoir d’achat de la classe moyenne ».
Un chef d’entreprise : « Cet investissement dans la recherche va permettre à notre entreprise de rester compétitive ».
Un commercial : « Ce produit va améliorer votre rentabilité ».
Enfin, pour une mère de famille : « Epargner maintenant te permettra d’acheter un appartement plus grand »
La proposition est la colonne vertébrale d’un discours. Sans elle, le discours est mou, sans consistance et offre finalement peu de valeur à l’auditoire. Avec une proposition claire, l’orateur présente à son public une idée que ce dernier pourra digérer, garder en mémoire et, même, en tirer bénéfice. Elle renforce la cohérence du discours et le rend plus facile à mémoriser également pour l’orateur.
Les trois tests d’une bonne proposition
Le coach de parole en public Joel Schwartzberg explique dans son livre “Get to the Point” comment formuler concrètement une bonne proposition. Elle doit satisfaire trois tests.
Tout d’abord, elle doit être une proposition au sens grammatical, c’est-à-dire comporter un sujet un verbe et un complément Ainsi “le rôle de la Révolution Française dans l’émergence de la démocratie” n’est pas une proposition, puisqu’il lui manque un verbe. En revanche “la Révolution Française a joué un rôle déterminant dans l’émergence de la démocratie dans ce pays” est une proposition grammaticalement correcte.
Ensuite, la proposition ne doit être ni une évidence, ni une banalité. Si on ne peut pas soutenir la proposition inverse, alors c’est probablement une évidence. Si on ne peut pas consacrer plus d’une minute pour la défendre, il s’agit sans doute d’une banalité. Ainsi, la proposition “La paix dans le monde est une bonne chose” est une banalité, tandis que “Les Nations Unies jouent un rôle crucial pour préserver la paix dans le monde” va permettre d’élaborer en répondant à des questions comme : quelles sont les missions des Nations Unies ? ou bien quelles sont les guerres où elles ont joué un rôle ?
Même si une proposition a passé avec succès les deux tests précédents, elle restera pauvre, si elle comporte des mots faibles, peu évocateurs, comme “important”, “bien”, “super”, “génial”, etc. Pour la renforcer, se poser la question “Pourquoi ?” est utile. Par exemple, la proposition “Recruter un manager de communautés de réseau social est important” est faible. Pourquoi est-ce important de recruter un tel manager ? Parce qu’il peut aider à créer un buzz positif autour de la marque. L’idéal est encore d’éviter totalement les adjectifs.
Pour aller plus loin
En conclusion, la prochaine fois que vous prendrez la parole pour exprimer une idée, ne vous contentez plus de la décrire ou de la discuter. Adoptez un point de vue, marquez un point et musclez votre parole par une bonne proposition.
Envie d’écouter des discours avec de bonnes propositions ? Venez donc nous rendre visite ici.
[1] Proposition est la traduction du mot anglais “point”
Faire rire dans un discours constitue un Graal pour tout orateur qui se respecte. Pour honorer l’humour, Toastmasters organisait régulièrement, jusqu’à il y a quelques années, des concours de discours humoristiques. J’ai eu la chance de remporter l’un d’eux. Certains de mes collègues Toastmasters m’ont alors demandé quelle était ma « recette » pour ce succès. Comme le discours avait été enregistré (merci à Robert !), je me suis livré à une analyse du discours pour en comprendre les ressorts.
Je vous conseille de regarder cette vidéo une première fois, puis de parcourir l’article en la visionnant, en parallèle, une seconde fois. Le texte du discours est en italique et mes commentaires en police normale.
UNE INTRODUCTION MARQUANTE ET UNE PROPOSITION
« Eh bien, vous n’avez pas de quoi être fiers! 3 points sur le DCP du club cette année, mais c’est le Titanic. Et toi là-bas, oui toi Stéphane, ton dernier discours, c’était il y 5 ans ! Ecoute-moi bien, c’est simple : Soit tu accélères cette année, soit tu te trouves un autre club. »
Un discours humoristique est d’abord un discours, avant d’être humoristique. Il doit en particulier démarrer par une introduction qui attire l’attention et établir la connexion avec le public. Ici, le discours démarre par une saynète. Elle présente l’avantage de capter immédiatement l’attention grâce à la gestuelle et la voix. En outre, avec les mots-clé “DCP du club”, le public, constitué d’une centaine de membres de clubs Toastmasters, comprend qu’ils se trouvent en terrain connu : l’environnement Toastmasters va servir de toile de fond au discours.
Chers amis Toastmasters, c’est dans cette atmosphère bienveillante qu’a commencé le mandat de notre nouveau président. Qu’auriez-vous fait à ma place ? Eh bien, si j’ai sauvé ma peau, je le dois, eh bien, je le dois à la langue de bois.
Un bon discours exprime également une “proposition” (ce sera le sujet d’un prochain article), par exemple une solution répondant à un problème. Ici, le problème est celui que connaissent de nombreux Toastmasters : le vertige de la page blanche. La proposition, fantaisiste, pourrait se formuler ainsi : “La langue de bois m’a permis d’écrire des discours plus facilement”.
Une petite remarque sarcastique sur la bienveillance chère à Toastmasters émaille le propos, tirée du constat que certains membres ont un peu perdu de vue cette qualité. La dernière phrase rime pour mettre en valeur la langue de bois, le véritable sujet du discours.
AU CŒUR DU DISCOURS…
C’est ma marraine qui m’a donné la solution. « Stéphane », me dit-elle, « tu veux écrire des discours vite et bien? L’homme qu’il te faut s’appelle Franck Lepage. Va le voir de ma part. » Vous le savez peut-être, Franck Lepage anime des séminaires de décryptage de la langue de bois à l’usage des syndicats.
Cette section de transition est destinée à installer le dispositif au cœur du discours. Elle mériterait d’être raccourcie car il ne se passe pratiquement rien d’humoristique pendant près d’une minute. Au passage, je rends hommage à l’auteur du sketch que j’ai adapté pour le discours (voir plus bas pour les détails). Rien, en effet, n’interdit de réutiliser des traits d’esprit venus d’ailleurs, à condition de rendre à César ce qui lui appartient (n’est-ce pas Gad ?).
Pour lui, le principe fondamental de la langue de bois consiste à diminuer le nombre de mots que vous utilisez. Moins de mots, c’est moins de tentations de réfléchir. Du coup, les discours sont plus faciles à écrire, plus faciles à prononcer, et plus faciles à écouter.
La gestuelle anime un peu le passage, avec une pincée d’ironie orwélienne. La “règle des trois”, par laquelle l’orateur juxtapose trois groupes de mots (cf. Churchill : “je vous promets du sang, de la sueur et des larmes”), donne du rythme et facilite la mémorisation. Les humoristes professionnels l’emploient souvent en créant un effet de surprise avec le troisième terme qui rompt avec les deux premiers termes, plus factuels. La répétition de “plus faciles” donne un aspect d’anaphore à la phrase.
…UN DISPOSITIF WAOU
Pour m’entrainer, Franck m’apprend à jouer au PipoSpeak. Voilà comment ça marche, vous prenez 8 mots qui ne veulent absolument rien dire, mais qui donnent l’impression de dire quelque chose. Vous mélangez bien…et c’est parti.
Les cartes tirées de la poche créent un petit effet de surprise. Le sketch de Franck Lepage m’a donné l’idée du discours. Franck est un activiste qui anime des séminaires pour décrypter la langue de bois. Convaincu du potentiel de ce sketch, je me suis demandé comment l’injecter dans un discours de concours. Naturellement, la parole en public s’est imposée pour établir la connexion avec l’auditoire. J’appelle cela le “dispositif Waou” du discours pour le rendre mémorable. De fait, des années après, certains témoins du concours me parlent encore de ce passage.
Je donne l’impression que n’importe quel mot, tiré au hasard, permet de bâtir un discours. La mise au point de la manipulation m’a demandé beaucoup de temps. En fait, j’ai conçu une série de phrases qui pouvaient s’enchaîner quel que soit le mot sorti du tirage. Puis j’ai appris ces phrases par cœur en veillant à ce que cette partie ne dépasse pas 1’30 », soit un cinquième du discours. Au deuxième passage, le public saisit tout le comique de la situation.
A la fin, les applaudissements retentissent, flattant l’ego de l’orateur. J’aurais dû les laisser se poursuivre, mais j’étais pressé par le temps et le risque de déborder du temps maximum. Au final, le discours dure 7’15”, donc pas très loin de la limite autorisée de 7’30”.
TENIR LA DISTANCE…
Après le séminaire de Franck, tout est allé très vite. Grâce à moi, mon filleul a pu écrire les 275 discours déjà programmés dans les 10 clubs où il est inscrit.
Pour pratiquer la parole en public, un Toastmasters est amené à prononcer plusieurs discours. Je fais ici allusion à certains d’entre eux, que la quantité obsède plutôt que la qualité.
Puis, avec mon aide, l’équipe pédagogique de Toastmasters a réussi à compacter les 120 volumes de la méthode en une feuille recto-verso.
Le comique vient de l’exagération du nombre de volumes de la méthode Toastmasters. Le langage corporel est capital pour déclencher les rires.
Plus récemment, le président Poutine m’a décoré de l’ordre de Saint-Vladimir pour lui avoir écrit un discours de 3h face à des Ukrainiens pro-russes avec deux mots : « agression » et « sécurité ».
La progression dans les exemples signale que cette approche absurde m’a permis d’acquérir de plus en plus de visibilité. Là encore, la gestuelle est très importante.
…EN RELANÇANT LA DRAMATURGIE
Mais, cette fois-ci, j’étais allé trop loin: le châtiment ne s’est pas fait attendre.
Un bon discours doit soutenir l’attention de l’auditoire jusqu’au bout. Et 7 minutes, c’est long, surtout quand on veut faire rire…Cette phrase de transition relance la « dramaturgie » en installant un suspense.
C’est par un beau dimanche matin que, me promenant non loin de l’Eglise Saint-Eloi, une lumière tombant du ciel soudain m’enveloppe de sa clarté. Je tombe à terre alors qu’une voix forte retentit :
« Stéphane, qu’as-tu fait ?
Le jeu de scène est un peu maladroit. Je me demande si les gens comprennent bien qu’il s’agit de Dieu.
Par ta faute, voilà maintenant que les hommes utilisent la parole pour tromper, pour masquer, pour escamoter.
Là encore, j’utilise la règle des trois.
Tout le monde est sur mon dos pour changer la Bible. Les ligues LGBT accusent Adam et Eve de faire l’apologie du couple hétérosexuel.
Avec le recul, je remarque qu’Il y a, dans ce trait d’esprit et le suivant, un glissement dans le thème du discours : de la langue de bois, où les mots sonnent creux, vers le langage politiquement correct. Or, les deux notions ne sont pas interchangeables. Ainsi, on peut parler politiquement correct sans employer de langue de bois. J’ai privilégié ici l’humour plus que la cohérence du discours et, finalement, cela s’est bien passé.
De son côté, Noé me reproche d’ignorer la directive intra-communautaire sur les espèces animales en danger. Et même Moïse commence à me les briser menues pour rectifier le dernier commandement : « le 7ème jour tu te reposeras », depuis que Macron l’a déclaré illégal.
Il s’agit d’un clin d’œil à l’actualité de 2015 avec l’adoption de la loi Macron libérant le travail du dimanche.
Va, débarrasse-moi de cette foutue langue de bois. Et si tu réussis, je ferai peut-être quelque chose pour ton certificat de Leader Compétent »
Je glisse une allusion à un « grade » dans le parcours Toastmasters, celui de Leader Compétent, pas particulièrement difficile à atteindre mais que peu de membres reçoivent. L’intervention de Dieu n’est pas inutile.
VERS LA CHUTE
Pour plaire à Dieu, j’ai donc créé le club des NoPipoMasters. Bien sûr, les règles ont été légèrement adaptées.
Reprendre les cartes du jeu de tout à l’heure permet de préparer la chute en fin de discours.
Le grammairien présente maintenant le mot-pipeau du jour, celui à ne PAS utiliser dans les discours. Le Compteur des Gaffes dénombre les mots-pipeaux: évidemment, son rôle occupe les trois-quarts de la séance. Enfin, depuis qu’un orateur s’est ouvert les veines après l’évaluation sans langue de bois de son Briser la Glace, les couteaux lors de la pause gustative sont désormais interdits.
Ici, ces trois traits d’esprit se moquent gentiment des rôles d’une réunion Toastmasters. Il était important de marquer le PAS pour la négation.
Mes chers amis Toastmasters, je vous invite donc à rejoindre sans plus tarder les NoPipoMasters, pour retrouver votre sincérité et mettre à bas la langue de bois
La posture théâtrale et l’utilisation des pauses permettent une conclusion réussie du discours, que ne vient pas gâcher la rime de la fin de la phrase. Il est très important de finir un discours par une chute dont les auditeurs se souviendront.
LA RECETTE DU DISCOURS HILARANT
En définitive, existe-t-il une recette pour les discours humoristiques ? Je ne le pense pas. Néanmoins, il me semble que cinq principes directeurs peuvent guider les orateurs qui veulent se lancer :
Structurer la prise de parole comme un discours normal avec un message, une introduction, un développement et une conclusion
Soutenir l’attention de l’auditeur. Pour cela, raconter une histoire avec des rebondissements est très utile
S’inspirer de ce qui nous fait rire, en notant les situations de la vie quotidienne qui pourraient éventuellement servir dans un discours
Utiliser l’auto-dérision. Qu’on le veuille ou non, le rire prend sa source dans la moquerie. En se prenant lui-même comme cible de cette moquerie, l’orateur évite l’écueil de la condescendance
Travailler le style et le rythme, en particulier pour souligner les “punchlines”.
En définitive, chaque discours humoristique est une expérience unique. Et s’il est réussi, c’est souvent par miracle (merci Dieu !).
POUR ALLER PLUS LOIN
J’espère avoir donné envie à nos lecteurs de se porter candidat aux concours que nous organisons régulièrement. Pour découvrir nos réunions, venez donc assister à l’une de nos prochaines séances. C’est ici.